De Padawan à Chevalier Jedi !
La chirurgie esthétique est arrivée très tôt dans mon parcours. Mon sujet de thèse : le lifting !
Passionné très VITE !
Dès mon externat, j’ai été attiré par la chirurgie esthétique. Mes aînés qui pratiquaient la chirurgie maxillo-faciale, face et cou, ORL, faisaient de la reconstruction faciale et le visage est devenu rapidement pour moi un mythe absolu, le reste du corps m’intéressant moins. Le visage avec ses organes essentiels comme le nez, l’organe des sens, la bouche, prolongé par le cou, une des zones les plus riches en anatomie avec le passage des gros vaisseaux, de l’air, de l’alimentation, des nerfs… ce visage m’a tout de suite semblé être le graal absolu !
J’ai donc intégré cette spécialité ORL, maxillo-faciale qui est devenue plus tard tournée vers une notion plus esthétique. De « réparatrice » on glisse vite vers ce qui est le plus beau. L’esthétique est rentrée très tôt dans ma vie : mon sujet de thèse comme mon mémoire était sur le lifting, c’est donc une vieille passion. J’ai fait tout mon cursus à Nice tout en voyageant beaucoup à l’étranger. Mes patrons étaient attirés par les innovations technologiques et ils m’envoyaient souvent aux Etats Unis pour m’y imprégner. C’est comme cela que l’on a fait venir de nombreux chirurgiens américains dans les cours d’anatomie organisés à Nice, avec des grands noms qui se sont déplacés comme les Dr Ramirez et Isse, inventeurs des liftings endoscopiques, Thimoty Marten, Eugene Tardy, Dean Toruimi (ponte de la rhinoplastie). J’ai disséqué avec eux, j’étais le jeune Padawan qui tenait les valves à ces grands maitres. J’ai évolué dans ce milieu depuis toujours.
Vous pratiquez beaucoup de dissections de cadavres, l’une de vos spécialités.
Cela a été la particularité de l’école niçoise. L’idée était de mettre l’anatomie au service de l’esthétique et comme nous avons au CHU un laboratoire d’anatomie qui a toujours été très dynamique grâce au Professeur André Bourgeon de nombreuses avancées ont eu lieu. En effet quand les nouveaux liftings sont arrivés, il était nécessaire de maitriser l’anatomie du visage, quand la toxine botulique est arrivée, il fallait connaitre l’anatomie des muscles et quand les fillers sont arrivés, il fallait connaitre l’anatomie des vaisseaux. L’anatomie est aujourd’hui encore très demandée dans le monde, elle est un peu devenue notre fil rouge !
Combien de temps consacrez-vous à la formation ?
Je suis présent à l’Hôpital Universitaire deux jours par semaine, le mercredi et le vendredi, pour faire de l’enseignement, de la transmission aux internes, de la chirurgie. Des internes viennent aussi avec moi en privé et les jeunes en formation y valident leur stage que ce soit pour le public où le privé.
Vous aimez bien partager et vous entourer de confrères…
Au CHU, bien évidemment avec le Pr Laurent Castillo, mon frère de toujours puisque l’on a démarré ensemble. C’est le responsable de l’Institut Universitaire de la Face et du Cou de Nice. Il m’a confié toute la partie enseignement plastique reconstructrice et esthétique. Je travaille également avec le Dr Frederic Braccini, le Dr Henry Delmar, le Dr Sophie Converset, le Dr Cécile Winter, le Dr Soraya Sadi et avec toute une équipe de jeunes qui est autour de moi. Sans oublier le Dr Benjamin Ascher qui a été pour moi un véritable influenceur. Je continue donc de former de jeunes chirurgiens à Nice mais aussi ailleurs en Roumanie, au Liban, en Italie, en Tunisie. On se retrouve dans des congrès comme IMCAS ou AMWC car j’ai la chance de travailler avec ces deux structures. De nombreuses interventions tournent autour de l’anatomie qui reste malgré tout assez difficile à appréhender si on n’a pas des années et des années de dissection. Finalement nous ne sommes pas si nombreux dans le monde (Pr Cotofana, Dr Ingallina, Dr Sykes).
Une partie de votre activité se passe dans les recherches cliniques ?
Je suis co-fondateur de MEDITI, une société de recherche clinique dans les thérapeutiques et procédures à visée esthétique créée avec le Dr Delmar, le Dr Bodokh, le Dr Pescetto entre autres où l’on fait depuis 15 ans des études cliniques sur tous les produits qui sortent (fillers, injectables, canules). Nos travaux débouchent sur des publications dans la presse scientifique ce qui nous permet de conserver un regard permanent sur la recherche et développement.
Le réglementaire et la sécurité vont-ils de pair pour vous ?
Indubitablement, même si je suis contre les dogmes du style « Ceux là ont le droit, ceux la n’ont pas le droit, médecins spécialistes ou non… » Pour moi les médecins doivent apprendre, se donner la peine de travailler, de se former. La loi leur permet de le faire et moi je les aide à y parvenir. Se former, cela m’apparait comme étant un minimum. Ainsi j’ai toujours eu de bons rapports avec les médecins esthétiques car j’estimais que tant que la loi ne leur interdisait pas telle ou telle pratique, il fallait qu’ils soient formés. Je suis ainsi très impliqué dans un « futur » diplôme de médecine esthétique, l’idée étant d’avoir enfin une spécialité qui s’appelle médecine esthétique autour d’un cursus, un DIU plus ou moins associé à des DU pour permettre d’avoir un titre associé à une régulation. Il existe des numérus clausus pour les dermatologues, les chirurgiens… La volonté du Conseil de l’Ordre est d’avoir un diplôme reconnu. Et pour avoir un DIU reconnu en Europe, il faut trois ans. L’idée serait de proposer un DU en plus qui permettrait d’obtenir ces fameux trois ans.
Enfin, dès que la spécialité existera, des VAE seront possibles pour ceux qui sont dans ce secteur depuis des années, qui peuvent justifier d’une activité, d’une patientèle, d’achat de produits, etc… La VAE permettra d’obtenir une qualification sans repasser par un diplôme. Ce sont des règles européennes qui s’appliquent à toutes les spécialités !
Au sujet des Fakes injectors : Moins de médecins formés, plus de fake injectors ?
Dès que des problèmes se présentent, on accuse le médecin mais ce n’est pas du tout le sujet. Mais si la médecine esthétique souhaite des règles, elle ne peut pas en avoir de différentes des autres spécialités.
Passion motard et papy transmetteur ?
Le cheval a été ma première passion un peu « lonesome cowboy » mais avec l’âge (et la perte de souplesse) je suis passé à la moto, plus prévisible qu’un cheval. Les Harley c’est mon coté papy rockeur. Côté transmission, un de mes enfants est devenu un vrai cavalier, professeur d’équitation et éleveur de chevaux et mes petits enfants vivent dans le club hippique. La passion du cheval a bien été transmise. Par contre la passion de la chirurgie ne l’a pas été. Mes deux fils n’ont pas fait ça, un oui car il est ostéopathe équin mais la route du chirurgien est tellement longue… Si tu n’as pas le feu sacré dès le départ tu peux très vite te fatiguer.
Corse ?
J’aurai rêvé d’être Corse mais je ne le suis que par adoption. On a une maison en Corse avec ma femme, c’est une terre d’accueil. Les grecs l’appelaient Kallisté (en grec ancien Καλλίστη : « la plus belle »), c’est même devenu le nom de ma maison à Nice. J’aime les gens, la nourriture, la nature…et la mer avec mon bateau.
Livres ?
Beaucoup de sociologie dont Michel Onfray (3/4par an), la Nef des fous. Une vision un peu pessimiste mais tres réaliste. Des lectures aussi sur l’écologie (pas trop GIEC même si je suis écologiste) et sur le transhumanisme, les travaux d’Elon Musk m’interpellent ! Egalement sur le transgenrisme car j’y suis confronté dans ma pratique.
Où le trouver ?
159 Av. de Rimiez, 06100 Nice Tel : +33(0)4 93 55 30 52