Faire rayonner la french touch dans le monde
Issue d’une famille où l’art de la couture et les soins médicaux étaient omniprésents, les fils et les aiguilles semblaient être ma destinée inéluctable.
Anti-Age-Magazine : Quel est votre parcours ?
Dr Sandrine Sebban : Mon profond sens de l’empathie m’a toujours guidé vers la vocation médicale. J’ai été inexorablement attirée par le domaine des urgences, une sphère d’activité où le travail manuel prédomine, ce qui correspond parfaitement à ma préférence pour une pratique tactile.
Mon engagement professionnel m’a menée à assumer des responsabilités au sein du service des urgences de l’hôpital Lariboisière. Dès mes débuts en médecine en 1998 j’eus l’opportunité d’assister aux tous premiers congrès de l’IMCAS (International Master Course on Aging Science), consacrés à la médecine esthétique. C’est lors de ces événements que je fus profondément captivée par les techniques d’injections d’acide hyaluronique. Ce qui m’a le plus séduite dans cette pratique ? La capacité à procurer une satisfaction authentique à mes patients, en leur permettant de retrouver une confiance en eux à travers une apparence épanouie. Il convient de souligner qu’en ma qualité de nutritionniste, j’avais déjà observé que la perte de poids chez les patients entraînait souvent une diminution significative des volumes du visage et une accentuation des traits, phénomène que je m’attachais à atténuer, pour le bien être et à la demande de mes patients.
AAM : Les congrès, des lieux de rencontres essentiels ?
Dr S.S. : J’ai immédiatement été séduite par l’atmosphère des congrès scientifiques, où la formation et les échanges avec l’industrie m’ont subjugués. Une opportunité inattendue s’est présentée lorsque j’ai été conviée à Los Angeles pour rencontrer un chirurgien s’intéressant à l’acide hyaluronique, alors peu répandu aux États-Unis où la toxine botulique et le collagène prédominaient.
En France, la production locale des Acides Hyaluroniques nous conféraient un avantage significatif. Ainsi, dès 1999, j’ai partagé mes techniques et connaissances outre-Atlantique, où j’ai rapidement acquis une réputation. Par la suite, mon influence s’est étendue en Californie, New York et Chicago, d’où de nombreux professionnels sont venus se former dans mon cabinet parisien. Cette activité a façonné ma réputation d’experte internationale, incarnant le concept de la French Touch.
AAM : Le besoin de nouvelles méthodes et d’outils a donné naissance à SoftFil ?
Dr S.S. : L’acquisition de Cornéal par Allergan a marqué le début de ma collaboration au lancement de Voluma en 2004/2005. Aux côtés du Dr Mauricio de Maio, j’ai parcouru le globe, de la Russie au Japon en passant par l’Australie, anticipant l’essor des volumateurs. Consciente de l’importance croissante de ces produits, j’ai initié des recherches pour perfectionner les techniques d’injection, aboutissant à la création des injections à la microcanule et d’une gamme de canules spécialisées pour différents fillers. C’est ainsi qu’en 2008, je crée la société SoftFil et les techniques associées telles que la « Soft Filling Technique », suivies de la « One Point Technique » et de la « Stop Facial Aging Method », répondant ainsi aux besoins des patients et des praticiens, tout en privilégiant le confort et la sécurité des injections. SoftFil a su s’imposer, avec jusqu’à 90 distributeurs dans le monde, ce qui m’a valut de nombreux voyages pour promouvoir la marque et les techniques associées.
AAM : Les innovations ont joué un rôle important dans votre carrière.
Dr S.S. : L’introduction des fils tenseurs résorbables dans les années 2010 a renforcé mon expertise, me permettant d’offrir une prise en charge globale du visage, l’un de mes domaines d’excellence. En 2017 j’ai breveté « Easy Guide », une aiguille pré-trou conçue pour les injections à la canule, récompensée du grand prix du design . En 2020 je brevette Topilase, une hyaluronidase topique destinée à corriger les excès d’acide hyaluronique, qui a été récompensée par de nombreux prix et distinctions à l’international. En 2022 la société SoftFil est rachetée par une société canadienne fabricante d’acide hyaluronique leader sur le marché américain.
AAM : Mon activité actuelle ?
Dr S.S. : Mon activité s’est récemment réorientée vers une proportion de 60% en cabinet et 40% en formation. Je consacre une part importante de mon temps à ma clinique parisienne et à mon école de formation, conservant ainsi un positionnement haut de gamme et raffiné, fidèle à la tradition de la French Touch.
AAM : Le secteur a-t-il beaucoup changé en 20 ans ?
Dr S.S. : Mes nombreux déplacements m’ont confronté à de multiples tendances évolutives dans le domaine de l’esthétique médicale. Des traitements axés initialement sur les rides telles que les sillons naso-géniens nous sommes passés à une volumisation des parties latérales du visage, allant jusqu’à la zone supra et rétro-auriculaire, tout en intégrant des traitements combinés incluant les acides hyaluroniques, les lasers, la radiofréquence et les fils tenseurs. L’essor des réseaux sociaux, avec les influenceurs mettant en avant des routines cosmétiques, a accentué l’importance de la qualité cutanée pour les patients, exigeant une prise en charge globale de l’esthétique.
AAM : Votre avis concernant la Fast Aesthetics et la sécurité ?
Dr S.S. : Je considère qu’une procédure d’injection est un acte médical, privilégiant la sécurité, la durabilité et le bien-être des patients. Au fil des congrès, nous avons été sensibilisés par les anatomistes et les chirurgiens quant au rôle crucial de l’anatomie dans notre spécialité, renforçant ainsi la sécurité des procédures. Les progrès dans ce domaine, notamment grâce aux diplômes universitaires de spécialisation, sont devenus indispensables.
Les produits utilisés ont également évolué de manière significative. Si nous débutions il y a une vingtaine d’années avec un seul type d’acide hyaluronique, les gels sont désormais adaptés à chaque couche anatomique, présentant une viscosité spécifique pour l’os, la graisse profonde, le derme ou l’épiderme. Les laboratoires ont également développé des gels avec moins de BDDE, moins hydrophiles, moins inflammatoires, reconnaissant l’importance de saturer l’acide hyaluronique en eau avant son injection pour limiter l’attraction d’eau dans les tissus. Face à la diversité croissante de produits et de techniques, il devient impératif de former des praticiens experts, notamment en raison des risques associés à des procédures avancées. Je suis d’avis qu’une spécialisation devrait être envisagée après les études de médecine, permettant ainsi une prise en charge plus sécurisée et adaptée aux besoins des patients.
AAM : Avantages et inconvénients de la France par rapport aux autres pays ?
Dr S.S. : La France, en tant que pionnière dans ce domaine, jouit d’un avantage compétitif, incarné par le concept intemporel de la French Touch. Bien que des défis réglementaires subsistent, ces limites garantissent la qualité et la sécurité des pratiques, assurant ainsi la pérennité et la renommée de l’esthétique médicale française.
AAM : Votre vie extra professionnelle ?
Dr S.S. : En dehors de ma vie professionnelle, je suis une maman très fière de ses trois enfants. Bien que aucun ne suive mes pas dans la médecine, ils sont tout un chacun de grands passionnés. Mes loisirs incluent la musique, le cinéma et l’écriture, témoignant de mon engagement envers l’art et la culture. J’ai par ailleurs rédigé un livre en 2008 : gagner 10 ans en 3 mois. Mon futur ? Celui-ci se dessine entre Saint-Rémy-de-Provence et Paris, nourri par ma passion pour l’apprentissage continu en esthétique médicale et mes voyages, notamment en Amérique latine, où le Mexique occupe une place particulière dans mon cœur. L
Ou la trouver ?
225 rue du Faubourg Saint Honoré, 75008 PARIS – France – Tel. : +33 (0)1 42 12 00 37
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