Portrait : Je me souviens d’avoir été cet enfant plutôt calme mais créatif, aimant le dessin et c’est ainsi que j’ai d’abord voulu être architecte. Mais la médecine a pris le dessus.
Aidé en cela par mon oncle, un Géo Trouvetou qui nous ramenait des outils médicaux militaires. Une enfance sympa, exigeante, avec une mère docteur en histoire et un père dermatologue, membre fondateur de l’IDS et pilier de la SFME avec Jean-Jacques Legrand comme président. Il y avait déjà un passif mais je n’ai pas eu besoin de tuer ni père ni mère. Malgré tout un traumatisme : j’ai loupé mon baccalauréat, un échec salvateur qui a piqué mon orgueil !
Je me suis nettement amélioré en travaillant, car sans travailler, réussir en médecine n’est pas concevable (il faut aussi une bonne mémoire). Après quelques hésitations d’orientation vers la psychiatrie ou la gynécologie, j’ai fait un stage en dermatologie sans oser dire que mon père était de la partie à Arras. L’internat m’a entrainé en Bretagne et je me suis retrouvé à Brest : un petit CHU avec des internes soudés où j’ai appris à être opérationnel très vite avec des responsabilités qu’on ne donnerait plus aujourd’hui puis un service militaire à Cherbourg, où je me suis retrouvé chef de service sans service, mais avec un service de consultation à recréer après 4 semestres seulement de dermatologie ! J’ai ensuite découvert la médecine tropicale en Guyane, tellement fascinante à tout point de vue, aussi bien médical qu’humain. Cela complétait notamment mes compétences sur les peaux noires. Enfin retour à Brest pour devenir chef de clinique, puis back home avec des enfants à Arras, mon pays, ma région. On me dit souvent : « Vous faites le tour du monde mais en fait vous revenez toujours à vos racines ! »
Une carrière qui démarre sous de bons auspices
Mon père m’a donné les clés du cabinet et m’a dit « débrouille-toi » avec un bon conseil : apprendre c’est voyager donc bouge sinon en 5 ans, t’es cuit ! Mais j’ai souhaité garder un pied à l’hôpital pour me rassurer et diversifier mon exercice médical.
Après 10 ans d’exercice solitaire, j’ai décidé de créer une structure médicale avec deux gynéco-endocrinologues. Mais avec les aléas des associations, je fédère aujourd’hui une jeune équipe de dermatologues auxquels je transmets mon savoir tout en apprenant beaucoup en retour.
Accélération professionnelle
Mon intérêt pour les lasers en dermatologie m’a conduit à devenir président du Groupe laser devenu maintenant la SFLD. J’y ai découvert que j’aimais bien organiser des programmes avant de devenir aujourd’hui vice-président de la SFME et directeur scientifique de l’IMCAS avec Sébastien Garson. Avec l’IMCAS, la SFME, le centre médical devenu une ruche à projets, j’ai l’impression d’avoir plusieurs vies et j’apprécie les rencontres du bout du monde, tout comme la simplicité d’une consultation dermatologique ou esthétique à Arras. J’ai une chance extraordinaire et qui n’existerait pas sans une équipe soudée aussi bien à l’IMCAS, qu’au centre médical. Mais ma boussole, c’est évidemment mon épouse, Marie-Laure Fréchet, journaliste et auteure culinaire qui fait ma fierté, sans parler de mes 3 enfants…
Consolidation de ma communauté
Ma vie en province, ma famille, sont importantes pour moi et j’essaie de transmettre, partager et créer avec tous ceux qui m’entourent. Il faut donner pour recevoir et à l’orée de mes 60 ans, c’est un devoir pour moi de transmettre. La médecine est une belle communauté, c’est un honneur d’être médecin, mes patients me disent : « On vous aime bien car vous semblez concerné par ce que vous faites ». Cela suffit à me satisfaire. J’essaye de rester normal, sans égo surdimensionné, car organiser des congrès comme l’IMCAS et y être célèbre peut faire tourner la tête. Le serment d’Hippocrate, l’éthique, c’est important ; il faut faire les choses en accord avec soi-même tout en respectant les autres, en particulier les patients.
Les technologies ont énormément progressé.
Indéniablement, le laser a changé ma vie professionnelle. Aujourd’hui nous combinons les lasers et autres technologies avec les injections de toxine, de fillers et même les peelings sans oublier la drug-cosmetic delivery. Avec toutes ces techniques, on améliore, répare, embellit et surtout on préserve la peau. Si on améliore la dermoscopie avec l’IA, l’imagerie médicale avec l’échographie fait une entrée fracassante dans le monde dermatologique et esthétique. Nous avons des sondes qui permettent d’analyser la peau en surface, de repérer les kystes, évaluer le volume des tumeurs et de voir en profondeur toute la cartographie vasculaire pour prévenir les complications après injections de produits de comblement. Mais ce qui est en marche, c’est de confirmer un cancer cutané et dépister le vieillissement de la peau, en quelque sorte de dater la peau in vivo. Je suis très fier de bénéficier d’un Lc-OCT développé par une start-up française, Damae, la seule au monde avec cette technologie, qui nous fait entrer dans une autre ère dermatologique.
L’avenir de la dermatologie esthétique
Je déplore dans l’esthétique d’aujourd’hui une sorte d’uniformisation : des grosses bouches, des grosses pommettes… Mais la poussée de la médecine régénérative, l’arrivée des exosomes, les prochaines toxines annoncent une bataille future entre les « natural et non natural fillers », les laboratoires ayant bien compris que la médecine régénérative peut devenir aussi un vrai challenge. On fait beaucoup d’études cliniques au centre médical. La nouvelle génération de produits qui s’intègrent de mieux en mieux, des mimétiques cutanés ont un bel avenir. Que ferait-on sans les acides hyaluroniques ou sans toxine ! Veut-on stimuler, rajeunir, ou transformer ? On n’est plus dans le purement esthétique. On prévient.
Mes hobbies ?
Me remettre au golf mais mes horaires de fou ne me le permettent pas encore, je suis en ce moment un peu en « monoculture » ! J’ai trouvé mon équilibre de vie professionnelle. Et en plus je suis à 300 m de mon cabinet, quel luxe ! Je veux juste continuer à transmettre et partager ma passion dermatologique.
IMCAS : Je ne savais pas que cela allait prendre autant d’ampleur. Nous en sommes à plus de 18 000 congressistes avec plus de 1000 orateurs ! Paris, c’est le top départ chaque année pour ces médecins. On a un programme éclectique et pas purement esthétique. Il faut regarder le programme ! Pour moi, une session, c’est un tiers de science, un tiers de pratique et un tiers de surprise ! Cette alchimie marche tout en nous laissant beaucoup de liberté d’expression et celle d’inviter qui on veut. Pas de limite. C’est passionnant, on a les clés d’un avion à réaction avec prochainement 5 destinations : Inde, Thaïlande, Brésil, Chine et France où nous nouons en permanence des partenariats avec des sociétés académiques du monde entier. Une superbe visibilité dans le monde ! Merci à Benjamin et Sonia, qui ont été décisifs dans cette aboutissement d’une carrière que je trouve déjà bien riche et aussi à toute cette équipe de dingue qui nous entoure, Sébastien et moi à l’Imcas. Avec une quarantaine de jeunes, polyglottes et une CEO, Séverine Dubarry-Bardon, nous essayons de faire des événements de qualité. Mais sans nos ambassadeurs, nos collègues médecins dans le monde entier, le support des laboratoires rien ne se ferait. Alors on a décidé de créer en plus une fondation IMCAS. C’est le nouveau challenge, car après 25 ans d’IMCAS, il faut alimenter la science et la recherche dans notre domaine. C’est un bien pour tous les médecins et laboratoires concernés pour y participer financièrement et réaliser des projets de qualité.
Ou le trouver ?
8 Sq. Saint-Jean, 62000 Arras
Plus d’informations : dermatologie-arras.com