EN 2022, AMWC FÊTE SES 20 ANS D’EXISTENCE
Interview de Catherine Decuyper et Christophe Luino,
fondateurs de Euromedicom (groupe Informa)
Propos recueillis par Thierry Piolatto.
ANTI AGE Magazine : Cette année AMWC fête ses 20 ans, ce sera certainement un moment d’exception. Qui seront les acteurs à l’honneur de cette 20ème édition et les nouveautés proposées ?
Catherine Decuyper, Christophe Luino : Sans aucun doute, un vingtième anniversaire est un moment important. Malheureusement, la Covid-19, acteur forcé de notre vie depuis plus de deux ans, viendra sans doute rendre la fête moins folle… Peu importe, la joie de se retrouver, malgré les différents événements, fera que cette édition sera de nouveau un joli moment, riche en échanges professionnels et amicaux.
Depuis la création en 2003, nous avons toujours considéré que chaque participant, quel qu’il soit, était un acteur du succès de l’AMWC. Nous leur sommes reconnaissants pour leur fidélité, leur enthousiasme et même pour leurs remarques et critiques constructives qui nous ont permis de nous améliorer d’année en année. Nous pensons donc que chacun d’entre eux doit être mis à l’honneur, qu’ils soient praticiens débutants ou confirmés, orateurs renommés ou moins connus, ou encore acteurs de l’industrie esthétique et anti-âge. Il n’y a pas de super star à l’AMWC, il y a un esprit convivial et amical, je dirais même presque familial.
Cette édition 2022 accueillera le lancement des AMWC Aesthetic Awards qui récompenseront les meilleurs cas cliniques présentés par des praticiens internationaux dans dix catégories et les meilleurs produits de l’industrie dans dix catégories également.
AAM : Depuis 20 ans, quels sont pour vous les 10 évènements marquants dans le secteur de l’esthétique médicale ?
CD – CL : Ces vingt années ont vu une évolution remarquable dans le domaine de l’esthétique médicale et de la médecine préventive. Sans aucun doute, la sécurité des produits injectables a été l’évolution la plus appréciable.
Ces produits ont également été améliorés dans leurs propriétés individuelles pour leur conférer des indications spécifiques.
Les techniques d’injection ont beaucoup évolué, passant de la classique injection des sillons naso-géniens ou de la glabelle aux injections « full face », voire aux injections de certaines zones du corps. Alors que précédemment les injections servaient uniquement à combler les rides, elles servent aujourd’hui à transformer certains traits ou défauts du visage.
Le boom des réseaux sociaux est venu augmenter cette demande. On peut regretter certaines dérives, il n’en reste pas moins que cette révolution est en marche et qu’il faut sans aucun doute garder un œil attentif sur cette évolution.
Au niveau de la formation des praticiens, l’apprentissage plus poussé de l’anatomie grâce aux cours de dissections dispensés par des chirurgiens a permis de rendre les techniques d’injections plus sécurisées dans des zones plus délicates.
Les appareils à base d’énergie (EBDs), autrefois principalement limités aux lasers, ont vu une explosion du type d’énergie utilisée, avec la radiofréquence, les ultrasons, les lumières (LED), etc.
De nombreuses indications nouvelles sont apparues et ces appareils sont devenus une véritable arme thérapeutique supplémentaire et souvent complémentaire des autres techniques.
Les fils tenseurs ont récemment pris une place plus importante dans l’arsenal thérapeutique. Ils font sans doute partie des traitements intéressants à suivre.
La médecine préventive, domaine plutôt confidentiel il y a 20 ans (nous avons été les premiers en Europe à proposer des formations dans ce domaine), est aujourd’hui considérée comme une véritable thérapie préventive. Par exemple, les programmes de nos congrès abordent depuis longtemps le sujet du microbiote, bien avant que cela ne devienne aujourd’hui l’objet des sujets de magazines.
Dernière évolution remarquable, la gynécologie fonctionnelle. Sujet longtemps tabou, il est aujourd’hui abordé de manière plus libérée. Il vise à traiter les désordres féminins liés à la ménopause et au post-partum. Certaines techniques, initialement purement esthétiques, ont été étudiées pour traiter certains problèmes gynécologiques et ont prouvé leur efficacité, rendant ainsi possible le traitement de ces désordres auparavant laissés sans réponse thérapeutique.
AAM : Et quelles tendances se dessinent d’ici les 10 prochaines années : nouveaux produits, nouveaux acteurs, législation ?
CD – CL : Difficile de prédire ces tendances. Les progrès faits ces dernières années ont déjà conduit à un niveau qualitatif et sécuritaire élevé, la progression à ce niveau aura un potentiel plus faible. Cela dit, des progrès sont toujours possibles.
L’intelligence artificielle prendra sans aucun doute une place importante à l’avenir.
Les premiers pas sont déjà faits avec les applications de simulation d’anatomie pour aider à sécuriser les injections. Ces outils pourront aider les futurs praticiens à acquérir une assurance dans leurs gestes, mais sont superficiels pour ceux dont l’expérience est acquise, sauf si ces outils deviennent le véritable reflet de l’anatomie spécifique du patient qu’ils ont sous les yeux.
Sans aucun doute, nous pouvons nous attendre à de grandes surprises en provenance du secteur qui s’intéresse au transhumanisme… Science-fiction ou évolution en marche ?
AAM : Dans le domaine des congrès le Coronavirus a été un choc pour les organisateurs mais également une réelle opportunité de développer de nouvelles approches digitales. Quel bilan dressez-vous de ces changements pour Euromedicom / Informa et plus particulièrement pour AMWC : augmentation des sessions online, communauté, nouvelles offres, etc…
CD – CL : Le Coronavirus a été un choc pour la planète entière ! Dans le monde des congrès, le choc a été violent, mais quelque part il a été bénéfique car nous avions commencé bien avant à réfléchir au digital, donc nous étions prêts à réagir.
En effet, depuis quelques années, avec les progrès techniques, se posait la question de savoir si les congrès allaient devenir digitaux. Les avis étaient partagés, mais aujourd’hui, après deux ans de digitalisation totale, la preuve est faite : les congrès physiques ont un long et bel avenir car aucun système digital ne pourra remplacer le contact humain, essentiel, que l’on retrouve dans nos congrès.
La Covid-19 a cependant permis une avancée extrêmement intéressante : aujourd’hui, nos congrès ont augmenté leur audience en adoptant un format hybride.
Cela permet de réunir les participants habituels en présentiel et d’offrir aux participants qui ne peuvent pas se déplacer de suivre le programme à distance.
Autre effet positif, la plateforme de l’AMS (Aesthetic Multispecialty Society) a permis le développement des webinaires. Une formation médicale continue courte et pratique, largement appréciée des 16.000 membres d’AMS et d’autres participants.
A ce sujet, il faut souligner l’engagement de nos orateurs nationaux et internationaux qui se sont prêtés au jeu. Tous ont donné de leur temps pour partager leurs connaissances et nous les remercions sincèrement.
Comme en 2021, l’AMWC sera proposé sous forme hybride et réunira plus de 8000 participants en présentiel et plus de 5000 en virtuel. Nous proposerons 9 salles de programme scientifique sur 3 jours, dont 5 salles en présentiel et live streaming et 4 salles uniquement en présentiel suivi de rediffusion en vidéo. Toutes les sessions seront ensuite proposées en VOD (video on demand) sur la plateforme de l’AMS.
AAM : La marque AMWC a essaimé un peu partout dans le monde : Japon, Chine, etc… Quels sont les marchés les plus dynamiques dans le monde ? Devez-vous constamment vous adapter aux marchés locaux ou existe-t-il un fil conducteur pour tous ?
CD – CL : Aujourd’hui, l’AMWC existe dans 6 pays et continents : Monaco, Asie (Taïwan), Chine, Brésil, Amérique Latine (Colombie) et Japon.
Nous proposons également d’autres congrès : FACE (Londres), ICAD (Bangkok), VCS-Vegas Cosmetic Surgery (Las Vegas), MCS- Miami Cosmetic Surgery (Miami), The Aesthetic Show (Las Vegas), VISAGE (Monaco).
Les marchés les plus dynamiques sont l’Asie, les Etats-Unis et l’Europe.
L’intérêt d’avoir géoclôner l’AMWC est de nous permettre de faire des ponts rapides entre les différentes orientations des différents continents.
Quand une nouvelle technique ou technologie apparaît sur un continent, nous avons la possibilité de porter rapidement l’information vers les autres continents. De même, si un orateur fait une nouvelle présentation avec des innovations aux US, il nous est facile de l’inviter en Europe ou en Asie. En résumé, nous permettons à l’information de circuler plus facilement auprès des praticiens qui auraient moins de facilité à circuler.
AAM : Vous êtes les fondateurs de Euromedicom qui a rejoint le groupe Informa, leader mondial. Quels sont vos projets, challenges, personnels ou professionnels.
CD – CL : Nous avons créé Euromedicom en 1999, à l’époque où les congrès dans le domaine de l’esthétique médicale étaient quasi inexistants ou limités à un territoire national. Nous leur avons donné une dimension internationale. Informa, aujourd’hui leader mondial du domaine, a fait l’acquisition d’Euromedicom en 2010 et nous avons eu la chance depuis de pouvoir continuer à appliquer notre vision de développement avec un soutien constant de ce groupe.
Nos projets sont simples : continuer à donner le meilleur de nous-mêmes et de nos équipes pour satisfaire nos participants et nos partenaires.
Nous sommes solidement entourés de belles équipes sur différents continents. Nous sommes fiers de nos collaborateurs et du travail qu’ils accomplissent tous les jours.
Notre challenge est de maintenir cette cohésion entre nos équipes et l’esprit « Euromedicom » qui ne nous a jamais quittés.
Plus d’informations sur euromedicom.com/amwc-2022/en.html