Dr Véronique Emmenegger
La chirurgie des paupières, toute en finesse, est une chirurgie spécifiquement adaptée à chaque type ethnique et à chaque visage. On ne pratique pas la même chirurgie des paupières selon que le patient est caucasien ou asiatique. Il en va du charme du regard à préserver et de l’intégrité du patient à respecter. Le chirurgien-spécialiste doit être sensible à ces différences.
Pour une intervention sur les paupières, la stratégie chirurgicale doit tenir compte de plusieurs facteurs : la forme et la position du sourcil, la distance entre la paupière inférieure et la paupière supérieure, l’ouverture de l’angle externe des paupières, la distance entre le pli palpébral et les cils, un potentiel relâchement de la paupière inférieure, la présence ou non d’un œil creux au niveau de la paupière supérieure, l’existence de poches au niveau des paupières inférieures, l’obliquité qui confère un œil en amande, la couleur des yeux, la qualité et la texture de peau.
Ces éléments importants permettent de préciser la chirurgie envisagée, non seulement comme une chirurgie des paupières, mais surtout comme une chirurgie du regard. Autrement dit, l’expérience et la sensibilité esthétique du spécialiste en ophtalmologie et oculoplastie comptent autant que ses connaissances techniques et médicales.
Respect des caractéristiques ethniques
Dans une population caucasienne, au-delà de l’excédent de peau, il est possible de corriger le regard fatigué (distance insuffisante entre les deux paupières et perte de l’obliquité), l’œil creux (squelettisation de la paupière supérieure), l’œil triste (paupière supérieure qui tombe, ptosis), Dans une population asiatique, la stratégie chirurgicale est différente. Elle doit s’adapter à un œil « plein », la graisse étant beaucoup plus présente dans ce type de paupière.
Le maître-mot demeure le respect de l’œil asiatique et du pli palpébral. Parfois, après une première chirurgie esthétique inexpérimentée des paupières auprès de la population asiatique, on peut faire face à une déception légitime s’expliquant par la perte du charme. A savoir que la chirurgie des paupières supérieures nécessite la pose de points de sutures. Ceux-ci sont déjà enlevés quelques jours seulement après l’intervention. La cicatrice est positionnée dans le pli palpébral, rendant la rançon cicatricielle invisible. Le temps de récupération est donc court jusqu’à l’ablation des points. Dès le lendemain, il semble raisonnable de reprendre le travail à fortiori dans une configuration de télétravail.
Une chirurgie toute en délicatesse
S’agissant des paupières inférieures et en particulier des poches de graisse, celles-ci doivent être enlevées par la voie interne. En d’autres termes, il n’y a pas de cicatrices ni de points de sutures à enlever, mais surtout il ne peut pas y avoir d’œil rond ou d’œil « en poisson ». La récupération est plus rapide que pour les paupières supérieures. Une remise en tension de la paupière inférieure suffit à gérer le problème de l’excédent cutané en conservant le regard. Contrairement à certaines idées reçues, il faut savoir que la chirurgie des paupières masculines demande autant de délicatesse et de finesse que la chirurgie des paupières chez les femmes. La différence fondamentale repose sur l’épaisseur et l’horizontalité du sourcil chez les hommes. La stratégie chirurgicale doit impérativement tenir compte de cette particularité.
En résumé, la chirurgie des paupières est un acte chirurgical qui doit s’intégrer dans une esthétique globale du regard. Un simple rafraîchissement chirurgical est le plus souvent suffisant pour les personnes qui ont eu la chance d’avoir un regard naturellement attirant. Pour d’autres regards, notamment lorsque les paupières sont asymétriques, ceux-ci nécessitent des stratégies plus élaborées, requérant potentiellement la modification du regard originel.
Quoiqu’il en soit, et c’est en cela que les interventions sont beaucoup plus sophistiquées qu’elles n’y paraissent, le succès d’une chirurgie esthétique des paupières repose avant tout sur la lumière et le reflet restitués du regard.
Alternative pour les cas légers
Il existe une approche – non chirurgicale – pour toute personne hésitant à franchir le pas de la chirurgie esthétique des paupières, et ne souffrant que d’un petit relâchement des paupières supérieures ou d’un léger excès de peau au niveau des paupières inférieures. Il s’agit du plasma-lift. Ce traitement – non invasif – a recours à la technique du plasma, sans bistouri, sans toucher la peau et sans piqûre d’anesthésie. Différents types de lasers sont désormais aussi proposés, dont l’efficacité est reconnue.
Dr Véronique Emmenegger : Docteur en médecine. Double titre de spécialiste FMH (Suisse) en dermatologie, vénéréologie, allergologie et immunologie clinique. Elle cofonde en 1998 la Clinic Lémanic à Lausanne, en Suisse, dédiée à la médecine anti-âge, à la santé et la beauté de la peau.