Dr Elena Romanova
Le traitement des cicatrices post-traumatiques est une des activités les plus motivantes des centres et des cabinets laser. La demande est forte et régulière car émanant de traumatismes accidentels et d’actes chirurgicaux, notamment ceux de chirurgie esthétique.
L’utilisation des lasers pour le traitement des cicatrices est une alternative relativement récente par rapport à des traitements classiques par crèmes, massages et injections de corticoïdes ou encore par reprise chirurgicale de la cicatrice.
Le marché esthétique nous propose une panoplie d’appareils. Les lasers nano et picosecondes, LCP (laser à colorant pulsé), les IPL, les lasers fractionnés abla-tifs Erbium:Yag et CO2 (AFL), les lasers factionnés non-ablatifs erbium glass (NAFL) sont parmi les plus utilisés.
Dans la prise en charge des cicatrices, les deux ques-tions essentielles qui se posent sont : quel laser utiliser et quand commencer le traitement ? La réponse à la première question n’est pas souvent évidente. La difficulté vient non seulement du choix de la longueur d’onde à utiliser par le médecin mais aussi de la grande diversité des cicatrices. Effectivement, il est important de prendre en compte plusieurs paramètres : l’épaisseur et la présence de contractures, la couleur, la présence d’une pigmentation, d’une douleur ou d’un prurit.
En pratique il est très fréquent de combiner différentes machines pour un traitement optimal. Afin de systématiser le savoir et l’expérience dans le domaine du traitement des cicatrices par lasers, les premières recommandations ont été publiées récemment (1). Ces recommandations sont basées sur le consensus de 26 experts de différents pays. Malheureusement, souvent il n’y a pas de réponse unanime due au manque d‘études randomisées mais les premières propositions de recommandations sont là.
A titre d’exemple, il est recommandé de débuter le traitement d’une cicatrice hypertrophique (avec épaisseur de plus de 2mm) par un AFL avec 68% des experts votants pour un laser CO2 fractionné. Souvent le laser va être utilisé en combinaison avec des médicaments afin de faciliter l’accès de ces derniers aux tissus cicatriciels. Concernant le traitement des cicatrices atrophiques, l’opinion est divisée entre NAFL et AFL. Pour la majorité des experts le LCP reste le laser de choix dans le traitement d’un érythème persistant mais les IPL et les lasers Nd :Yag sont également recommandés. La douleur et le prurit sont plus souvent pris en charge par des AFL et des lasers vasculaires.
Les lasers avec une durée de pulsation courte sont privilégiés dans le traitement des cicatrices hyperpigmentées. Il n’est jamais trop tard pour traiter une cicatrice par le laser : c’est la réponse à la deuxième question concernant le meilleur timing pour débuter le traitement. Si ce n’est jamais trop tard, est-ce que cela peut être trop tôt ? Dans la même publication cette question a été abordée. L’écrasante majorité des experts traite les cicatrices chirurgicales dans le premier mois après l’intervention (9% juste après la fermeture, 59% à l’ablation des fils et 23% un mois après). Des données intéressantes venant d’études randomisées montrent qu’un traitement par des NAFL avant l’intervention chirurgicale améliore l’apparence finale de la cicatrice (2,3,4).
Encore beaucoup de questions restent sans réponse pour l’instant et des études supplémentaires sont nécessaires afin de pouvoir finaliser des protocoles de traitement. Néanmoins une tendance se cristallise de plus en plus, celle du traitement précoce des cicatrices traumatiques.
Rendez-vous dans quelques années ? A vos lasers !
Dr Elena Romanova : Docteur en médecine (France et Russie) et en biologique moléculaire, Médecin diplômé de deux DIU en médecine morphologique/anti-âge et lasers médicaux et formé aux MD Codes du Dr Di Maio. Depuis 2014, elle exerce la médecine anti-âge et morphologique à son cabinet à Paris.
Plus d’information : dr-romanova.fr