par le docteur Jean Marc Chardonneau
Quelques chiffres : 18 millions de français souffrent de maladie veineuse et les femmes sont les plus touchées. La prévalence de la pathologie veineuse augmente avec l’âge et les femmes sont concernées plus tôt dans leur vie. 40% des salariés sont atteints d’insuffisance veineuse des membres inférieurs (dont 83% de femmes).
A quoi sert le système veineux ?
Le système veineux a plusieurs fonctions. Il a pour rôle principal de ramener le sang des extrémités vers le cœur. Il s’organise pour cela autour du réseau veineux profond qui collecte 90 % du sang et du réseau superficiel. Ces 2 réseaux sont connectés entre eux par des crosses (crosse de la grande saphène et crosse de la petite saphène) et des veines perforantes. La deuxième fonction du système veineux est d’assurer une thermorégulation cutanée dans toutes les conditions climatiques. Enfin il représente un réservoir de la masse sanguine. 5 à 6 litres de sang circulent dans l’organisme ; 64 % se trouvent dans les veines.
Comment fonctionne le système veineux ?
Le système veineux pour assurer la remontée vers le cœur (et donc lutter contre la pesanteur) doit être propulsé par des pompes. 4 pompes principalement forces peuvent être retenues.
1 – La pompe musculaire du mollet
Les forces du système musculaire sont principalement représentées par 2 acteurs : La pompe musculaire des membres inférieurs dont les muscles du mollet (muscles jumeaux et soléaire). Ces muscles sont très riches en veines et constituent un réservoir de 70 ml. Le muscle est recouvert d’une membrane inextensible : l’aponévrose. La contraction des fibres musculaires comprime la paroi veineuse sur l’aponévrose et permet à la colonne sanguine de remonter vers le cœur. L’efficacité de cette contraction dépend beaucoup de l’état articulaire de la cheville et à un moindre degré de celui du genou. L’augmentation du tissu adipeux dans la jambe freine sensiblement le travail de la pompe musculaire. Lors de la déambulation, à chaque pas, les contractions musculaires du mollet propulsent le sang vers le cœur. Des valvules anti-reflux placées à l’intérieur des veines empêchent le sang de redescendre.
2 – La pompe veineuse plantaire
Cette pompe est mise en action lors de marche en écrasement la « semelle veineuse plantaire ». C’est un réseau veineux situé dans la partie profonde de la plante des pieds. Elles constituent un réservoir de 30 ml. Ce qui explique qu’en cas de troubles de la statique plantaire (pieds creux , pieds plats …) la vidange de cette pompe veineuse à la marche peut être moins efficace.
3 – La pompe articulaire de la cheville
Chaque mouvement de la cheville chasse le sang veineux vers le cœur. La pratique du sport exerce une influence favorable sur le jeu articulaire. A contrario , le blocage de la cheville freine le retour veineux. L’articulation du genou à un moindre degré joue aussi un rôle.
4 – La pompe diaphragmatique
Le diaphragme, qui est un muscle séparant la cavité abdominale de la cavité thoracique, participe également par son système d’aspiration à la remontée du sang veineux. Il joue surtout un rôle important en position couchée. A chaque inspiration, le diaphragme qui est le muscle principal de la respiration se soulève et aspire le sang veineux des pieds vers le cœur.
Quels sont les freins au retour veineux ?
De nombreux facteurs de risque sont aujourd’hui bien identifiés. Sur le plan professionnel : ce sont avant tout les stations debout prolongées, le fait de piétiner, d’être exposé à des températures élevées de travail, de porter des charges supérieures à 10 kg. A moindre échelle, les postures penchées en avant, accroupies ou à genoux, les stations assises prolongées, et le fait de ne pas être assis bien au fond de son siège sont aussi incriminés pour entraver le retour veineux en particulier. Le surpoids et l’augmentation du tissu adipeux dans la jambe freinent également la bonne hémodynamique veineuse.
Comment booster le retour veineux ?
1- Eviter :
- les situations de piétinement prolongé.
- la chaleur (chauffage par le sol – exposition solaire – sauna et hamman – épilation à la cire chaude – chauffage sur les jambes dans la voiture …)
2- Eliminer les freins :
- Corriger les anomalies des voûtes plantaires
- Pour le sujet âgé, assurer la bonne mobilité articulaire de la cheville et lutter contre la fonte musculaire.
- Porter des vêtements pas trop serrés.
- Changer de chaussures régulièrement et alterner les hauteurs de talon, en évitant les talons au delà de 3 cm.
3- Hygiène alimentaire
L’excès pondéral est à éviter, le tissu adipeux freine l’hémodynamique veineuse au niveau abdominal et des membres inférieurs. Eviter dans ce sens les aliments trop gras et les sucreries.
Combattre la constipation en buvant suffisamment et en privilégiant une nourriture riche en fibres.
Favoriser les aliments riches en vitamine E (germes de céréales, foie, beurre) vitamine C (persil, cassis, orange, kiwi, grenade) vitamine PP (pain complet, amande, foie de veau).
4- Au travail
Changer de position régulièrement, déambuler, que l’on travaille assis ou debout, cela permet de remettre en marche la pompe musculaire (en marchant au moins 7 pas).
Pratiquer des mouvements de flexion-extension de la cheville en se mettant sur la point des pieds 5 mn /h
Mes conseils :
N’oublions pas enfin l’importance d’être équipé de chaussures convenables, dans lesquelles l’appui plantaire est satisfaisant.
Le port de bas, collants et chaussettes de compression permettent de mieux supporter les situations de piétinement prolongé, de trajets en avion.
La pressothérapie, traitement qui consiste à enfiler ses jambes dans des grandes bottes remplis d’air, est d’une très grande utilité dans le domaine veineux.
PHLEBOTONIQUES : Ils sont efficaces sur les troubles fonctionnels : lourdeurs, douleurs, crampes et également sur les oedèmes.
Quels exercices physiques ?
De petits exercices simples et réguliers : montez sur la pointe des pieds et redescendez , plusieurs fois de suite , une fois par heure. Si vous restez longtemps assise : fléchissez puis étirez la voûte plantaire à plusieurs reprises. Renouvelez l’exercice dans la journée. Evitez de croiser les genoux. Faites des mouvements répétés de flexion extension des pieds sur les chevilles.
L’influence de la respiration sur le retour veineux est bien perceptible à l’examen doppler. La respiration profonde lente et ample entraîne une accélération de la vitesse du sang dans les jambes. Il est important de savoir respirer avec le ventre et la poitrine. Il faut davantage respirer en faisant jouer ses abdominaux. Il faut apprendre à respirer avec ses abdominaux.
Un exemple d’exercice :
En position couchée sur le dos, jambes repliées ,
1 – poser vos mains doucement sur votre ventre à la hauteur du nombril et détendez-vous
2 – Inspirez doucement avec le nez en gonflant le ventre sous vos mains , sans respirer par la poitrine
3 – puis continuez d’inspirer en gonflant la poitrine
4 – arrêtez de respirer pendant 5 secondes
5 – puis expirez, mais lentement en laissant, bouche ouverte, l’air sortir naturellement de vos poumons.
6- essayez de serrer le ventre au maximum pour vider l’air restant dans les poumons.
Quid du sport ?
L’essentiel est de pratiquer un ou des sports que vous aimez afin d’avoir une activité physique régulière. L’important est de lutter contre la sédentarité. Une pratique sportive 1 à 2 fois par semaine est idéale. Il est recommandé de pratiquer certains sports avec des chaussettes de compression élastique. Les sports déconseillés sont les sports pratiqués de façon intense nécessitant des efforts brutaux, des contractions musculaires prolongées, des efforts en apnée, des piétinements et sauts sur place comme les sports de combat, le handball, le basket, l’escrime etc….