Par le Docteur Christophe de JAEGER, professeur de physiologie médicale (MTU)
Notre organisme est constitué d’une multitude de cellules qui malheureusement vieillissent et s’altèrent au cours du temps. Ce phénomène s’appelle en médecine la sénescence.
Nos cellules peuvent être stimulées grâce aux facteurs de croissance qui sont, avec les cellules souches, l’un des piliers de la médecine régénérative. Les cellules souches présentes dans tous nos organes n’attendent qu’un signal pour se différencier et réparer les tissus lésés par un traumatisme, une maladie… ou encore le vieillissement. Le signal sera porté par les facteurs de croissance.
Les facteurs de croissance
C’est une substance protéique de faible poids moléculaire capable de contrôler la croissance cellulaire en favorisant ou en inhibant la multiplication des cellules d’un tissu ou d’un organe. Il ne faut pas les confondre avec l’hormone de croissance. Il existe des facteurs de croissance spécifiques à chaque type de cellules. La plupart ont étés découverts fortuitement en étudiant les cancers. Les facteurs de croissance fibroblastique (FGF), par exemple, ont un effet sur la croissance des vaisseaux sanguins et des neurones. Ils participent à la vision (rétine), à la régulation de la sécrétion gastrique et à la production d’hormones comme la prolactine ou la TSH. D’autres interviennent au cours du développement de l’embryon. On peut également citer des facteurs de croissance comme le GM-CSF (Granulocyte Macrophage Colony Stimulating Factor) ou le GCSF (Granulocyte Colony Stimulating Factor) destinés à stimuler la multiplication des globules blancs, l’érythropoïétine impliqué dans la reproduction des globules rouges ou encore la thrombopoïétine qui permet la multiplication des plaquettes. Il existe aussi de nombreux autres facteurs de croissance qui vont, par exemple, agir sur la croissance cellulaire, tel que le facteur de croissance épidermique ou EGF ou le facteur de croissance fibroblastique (FGF). Certains favorisent la formation des vaisseaux sanguins, comme le VEGF ou facteur de croissance de l’endothélium vasculaire ou le PDGF ou facteur de croissance dérivés des plaquettes.
Mode d’action
Ils peuvent intervenir soit au niveau de la membrane de la cellule, soit au niveau de son noyau. Après sa fixation sur un récepteur située au niveau de la cellule spécifique à chaque facteur de croissance, celui-ci subit une activation qui provoque la fabrication d’une autre molécule chimique appelée le « second messager ». L’ensemble de ces mécanismes est à l’origine d’une réaction chimique qui aboutit à la fabrication d’une protéine appelée régulatrice, c’est-à-dire capable d’accélérer ou de ralentir l’ensemble de ces phénomènes. Ces protéines se fixent au niveau du noyau de la cellule sur des gènes (structure située sur les chromosomes à l’origine du déclenchement de la fabrication des éléments constitutifs de la cellule) qui interviennent sur la division mais également sur la différenciation de la cellule, modifiant ainsi son degré d’activité. De cette façon les facteurs de croissance possèdent la capacité de favoriser ou de limiter, selon les cas, la synthèse de nouveaux tissus mais aussi leur croissance, leur réparation quand l’organisme subit une lésion.
Étant donné que chaque cellule possède ses propres propriétés, ses caractéristiques et ses caractères particuliers, les facteurs de croissance ont la capacité de déterminer des divisions cellulaires plus ou moins nombreuses, le volume des tissus, la différenciation. Ainsi une cellule sanguine n’aura pas le même rôle qu’une cellule osseuse ou qu’une cellule hormonale.
Les facteurs de croissance interviennent dans la fabrication de nouvelles cellules et donc de nouveaux tissus. Ils interviennent tout particulièrement après une lésion. La spécificité de chaque cellule, et donc de chaque tissu, dépend directement de l’action des facteurs de croissance : tissu sanguin, tissu glandulaire à l’origine de la sécrétion des hormones, tissu osseux entrant dans la composition du squelette, …
Les facteurs de croissance en médecine esthétique
La médecine esthétique peut également bénéficier des apports de la médecine régénérative. L’injection de facteur de croissance autologue (venant de votre propre organisme) au niveau du visage, du décolleté ou encore du cuir chevelu pour lutter contre une perte progressive ou la raréfaction des cheveux sont des alternatives naturelles aux traitements conventionnels déployés en médecine esthétique classique. Les facteurs de croissance sont obtenus à partir du sang même du patient et réinjectés dans les zones (peau, cuir chevelu) nécessitant une stimulation des fibroblastes (production de collagène endogène) ou des follicules pileux. Ils vont permettre, non seulement une activation des cellules souches nichées dans le cuir chevelu pour la croissance des cheveux, mais aussi une optimisation de la micro circulation du scalp, véritable moteur de cette biostimulation cellulaire, apportant oxygène et nutriments essentiels.
Pour aller plus loin : http://www.institutdejaeger.com
Dr Christophe de Jaeager, professeur de physiologie médicale et Directeur de la Chaire de la Longévité (MTU). L’un des tout premiers pionniers en Europe qui prône une lutte active contre le vieillissement humain. Auteur : « Les techniques de lutte contre le vieillissement », « nous ne sommes pas faits pour vieillir » chez Grasset. Fondateur et président de la Société Française de Médecine et Physiologie de la Longévité (SFMPL) et d’un nouveau mouvement de pensée : le « longévisme ».