Par le Docteur Philippe Blanchemaison.
La cryolipolyse est devenue en moins de 10 ans une méthode reconnue pour éliminer les bourrelets graisseux disgracieux du ventre ou des cuisses.
Sa diffusion rapide auprès des médecins est liée à son caractère non invasif, sans bistouri ni injections.
La cryolipolyse, comment ça marche ?
Les bienfaits du froid sur le corps humain sont de mieux en mieux connus et utilisés : bains froids, cryothérapie corps entier, et dernière-née, depuis 2009, la cryolipolyse. Elle repose sur le fait que les cellules graisseuses situées sous la peau sont plus sensibles au froid que les cellules vasculaires ou nerveuses.
A la suite d’une exposition au froid de l’ordre de 3°C dans l’hypoderme, d’une durée de 45 à 60 mn, sans besoin d’anesthésie, les cellules graisseuses de la zone traitée vont évoluer vers une régression (apoptose) puis une disparition progressive à 2 mois avec peu d’inflammation.
A qui s’adresse-t-elle ?
Cette technique est indiquée pour les personnes présentant des dépôts graisseux très localisés tels les bourrelets saisissables à la main c’est-à-dire d’une épaisseur suffisante (au moins 20 mm) et souples, ce qui correspond aux cellulites adipeuses. Ces conditions sont nécessaires car le bourrelet doit être en contact avec la paroi de la sonde de cryolipolyse.
Elle ne convient donc pas au traitement de la cellulite fibreuse, qui relève des ondes de choc, ni aux personnes obèses dont les dépôts graisseux sont diffus et non localisés.
Quels bénéfices peut-on en attendre ?
Selon une récente étude menée sur 42 volontaires, suite à un seul traitement par cryolipolyse de l’extérieur des cuisses, on mesure une diminution moyenne de 2,8 mm de l’épaisseur de la graisse (mesurée par échographie) après 8 semaines.
Quels sont les risques ?
Comme toutes les méthodes efficaces, la cryolipolyse comporte un risque. Ce rapport bénéfice/risque dépend de la qualité des machines utilisées et de l’expérience du praticien. Une récente évaluation (Avril 2018) de la Haute Autorité de Santé, fait état après analyse de 17 études publiées, de cas d’atteinte neurologique des nerfs cubital et radial (lors d’un traitement de dépôt graisseux sous les bras), de nécrose cutanée et d’hyperplasie paradoxale (apparition quelques mois après une séance d’un nouveau dépôt graisseux excédentaire). Les fréquences de ces effets indésirables sont rares estimées entre 1/1000 et 1/100.
Comment savoir si l’appareil utilisé est de bonne qualité ?
Ces rares effets indésirables sont liés à l’utilisation d’appareils non validés, n’ayant pas le CE médical (sur la trentaine d’appareils actuellement sur le marché, seuls quatre ont ce marquage) ou à une expérience insuffisante des utilisateurs. On peut trouver sur internet des machines asiatiques à bas prix, qui ne bénéficient pas d’un marquage CE médical. Il faut donc donner la préférence aux machines validées qui sont présentées avec leurs propres études.
Une seule séance est-elle suffisante ?
Après une séance de cryolipolyse, les adipocytes exposés au froid régressent, s’éliminent progressivement en deux mois. Deux mois plus tard, une couche de cellules adipeuses de l’ordre de 20% du volume traité a disparu, et ceci est uniforme. Il faut bien comprendre que toutes les cellules ne disparaissent pas en une seule séance. Deux à trois séances seront nécessaires pour un bourrelet de 20 mm d’épaisseur alors qu’il faudra 4 à 6 séances pour une épaisseur de 45 mm.
En conclusion, la cryolipolyse est une bonne méthode, appelée à se développer mais elle doit être bien encadrée.
Docteur Philippe Blanchemaison
Le Docteur Philippe Blanchemaison est spécialisé en M.decine Vasculaire ; installé à Paris depuis 28 ans, il a été attaché des Hôpitaux de Paris pendant 12 ans et rédacteur en chef du journal ” Actualités Vasculaires Internationales ” pendant 8 ans. Directeur d’enseignement à la Faculté de Médecine Paris V, il est l’auteur de 264 articles médicaux publiés dont 17 référencés Medline, 84 référencés Inist et de 16 livres médicaux dont 3 destinés au grand public. Il a dirigé ou coordonné 21 études cliniques ou épidémiologiques publiées. Il est l’auteur ou le coordinateur de projets de recherche clinique dans le domaine de la médecine vasculaire (création du phléboscore en 2002, de l’indice de rétention d’eau en 2004 et d’un score de risque pour les thromboses veineuse profondes), du traitement de la cellulite, et de protocoles pour Spa (création de l’Aquabiking en 2001).