Dr Jean-François Bezot et Dr Claude Dalle
Le télomère est l’extrémité d’un chromosome dans une cellule eucaryote (une sorte d’aglet du lacet de chaussure). C’est de l’ADN non codant pour une information précise, mais il intervient dans la stabilité du chromosome et dans le processus du vieillissement tissulaire.
Les télomères sont recouverts de protéines les « sheltérines », faisant office de « gardes du corps ». Hexamère dont l’une des protéines, la POT1, acronyme anglais pour « Protéine of Télomère » est une sorte d’interrupteur pour l’accès possible au brin 3’ par la télomérase somatique. La télomérase est une enzyme qui favorise l’allongement des télomères par ajout des bases TTAGG à leurs extrémités. Elle est active dans les cellules souches mais son expression est faible ou absente dans les cellules somatiques c’est-à-dire l’immense majorité des cellules humaines.
Quand la télomérase est abondante, les télomères sont en bon état et les cellules peuvent continuer à se diviser. Quand il en manque (à cause d’un désordre génétique, du style de vie ou pour d’autres raisons), les télomères raccourcissent rapidement, les cellules cessent de se diviser et entrent bientôt en sénescence. En vieillissant, la télomérase de nos cellules devient généralement moins active et nos télomères raccourcissent. De récentes études ont montré que des télomères courts sont associés à des maladies liées à la dégénérescence et à une espérance de vie plus courte.
Afin de freiner et de ralentir les cycles de ces horloges biologiques, des médecins anti-âge prescrivent des activateurs de la télomérase. Ce sont les nouveaux traitements médicaux de pointe qui ont été découverts ou développés au cours des dernières années pour inverser le vieillissement. Il s’agit d’une avancée majeure.
Deux principaux types d’activateurs de la télomérase sont disponibles sur le marché pour le moment : les extraits d’astragale et les peptides.
Saluons l’arrivée d’une troisième génération collant plus à une approche systémique avec un produit des plus prometteurs. A l’échelle biologique, les principaux facteurs pouvant impacter la taille des télomères sont l’inflammation, les infections, la cicatrisation et le stress oxydatif ; des passerelles existent ainsi entre les différents nutriments, la pierre angulaire étant le télomère.
L’impact de nombreuses vitamines (A, E, C) sur le stress oxy-datif, l’infl ammation et la prolifération (Vitamine D), voire l’épigénétique (Vitamine B9) et la réparation de l’ADN (Vitamine B3) donc sur l’attrition des télomères, rendent leur profilage indispensable. Il en va de même pour le profil des oligoéléments et minéraux (Zinc, Sélénium, Magnésium…) et pour celui des acides gras polyinsaturés W3, le bilan du stress oxydatif est lui incontournable.
Pour un déclin cognitif moins rapide, protégeons nos neurones et la taille de nos télomères en surveillant l’équilibre de nos antioxydants protecteurs et l’état des lésions oxydatives (LDL oxydés, Peroxydes lipidiques) par un bilan pertinent annuel du stress oxydatif.
Des conseils nutritionnels et/ou micronutritionels seront prescrits à la lecture de nos bilans biologiques avec toujours le souci médical de l’efficience thérapeutique et l’absence de risques iatrogènes par le contrôle analytique.
Le patient peut ainsi gagner 10 à 20% supplémentaires en respectant la physiologie.
Il existe des examens biologiques qui permettent d’évaluer la longueur des télomères. Le résultat est exprimé sous la forme d’un indice télomérique qui est comparé à ceux mesurés sur une population d’étude d’une même tranche d’âge. L’indice télomérique est déterminé par l’analyse de l’ADN contenu dans les cellules nuclées circulantes dans le sang. Cet indice est le reflet de la moyenne des longueurs des télo-mères et il évolue avec l’âge des cellules analysées.
Par conséquent, un indice télomèrique élevé signe la pré-sence de cellules « jeunes » alors qu’un indice télomèrique bas est évocateur de cellules « vieillissantes ». Indicateur du vieillissement cellulaire, il révèle notre âge biologique opposable à celui chronologique. La mesure de l’indice télomèrique donne accès à une Méthode d’Évaluation d’une Activité Thérapeutique (MEAT). Elle va permettre de valider le bien fondé de supplémentation en micro-nutrition et de préciser la posologie. La surveillance et l’amélioration de l’indice télomèrique s’inscrit dans un suivi longitudinal en Médecine P4© (Personnalisée, Prédictive, Préventive et surtout Participative) base de l’Anti-Âge.
À faire avant de commencer la prise d’un activateur de la télomérase et refaire cette mesure après 6 et 12 mois de traitement pour voir si la longueur moyenne des télomères est restée la même ou si elle a augmenté (sans traitement, elle devrait diminuer chaque année), et s’il y a eu chez le patient diminution du nombre de télomères courts. Une étude longitudinale (2020/2021) sur ce nouveau produit de troisième génération est en cours d’évaluation. (Essai Cerba/Bodypur Telomere +).
Notons que, quand elle est trop élevée, cela pose vraiment le risque de cancer car on peut avoir une bien trop grande stimulation des cellules souches, dont certaines sont sénescentes avec l’âge dans nos corps et donc augmenter le risque de cancer. Quand on pourra se débarrasser de nos cellules sénescentes, ce sera génial !
Indispensable est donc la surveillance….et ce sont les télomères courts qui provoquent des mutations. Contre les cellules sénescentes, c’est en préparation et quasi réalisé maintenant avec un produit contenant déjà la quercetine, cet anti oxydant présent dans les pommes par exemple. Les anti oxydants peuvent aider à allonger nos télomères mais également certaines vitamines ; la plus importante est la vitamine D, dont les études récentes montrent que sa défi cience est liée à un raccourcissement des télomères. D’autres vitamines sont au sommet de la pyramide : vitamine B9 (folates) et B12. Leurs rôles charnières dans la méthylation mettent en lumière la force de l’épigénétique dans la sauvegarde des télomères qui se conjugue à celle de la méthylation.
Le marqueur épigénétique important le plus étudié du vieillissement est la méthylation de l’ADN. On sait qu’il existe une dérive naturelle avec l’âge, comme il existe une dérive naturelle de l’horloge biologique centrale. Or on peut associer la mesure des télomères et celle de l’horloge biologique. On a ainsi une vue panoramique de l’âge biologique et de l’âge chronologique.
Ces deux mesures nous ont permis de connaître certains facteurs déterminants, sur lesquels la médecine actuelle offre un contrôle.
- Le sommeil est capital pour éviter le raccourcissement des télomères et maintenir l’horloge.
- Le travail de nuit est un dérégulateur connu.
- La mélatonine est un synchroniseur et aide à stabiliser les télomères. Les réparations cellulaires se font en grande partie la nuit.
- Le stress, physique, inflammatoire ou psychique est lui aussi au coeur de cette machinerie et de son usure éventuelle.
- Un manque d’estrogènes, comme celui que l’on voit après la ménopause, raccourcit les télomères. •
- L’obésité également.
- L’oxytocine apporte quand elle est stimulée un frein à l’usure télomérique, ainsi que les interactions sociales et les plaisirs de la vie (manger, écouter la musique, voir un paysage plai-sant, etc) •
- L’exercice physique modéré peut se conjuguer pour améliorer nos indices télomériques, mais son excès semble délétère. 5h par semaine après 50 ans est un bon ratio.
- Des molécules centrales sont apparues comme la metformine, pour stabiliser l’indice telomerique. D’ailleurs mélatonine et metformine ont vu leurs rôles anti cancéreux reconnus. La berberine peut être associée à ce groupe.
- L’astragale, le gingko biloba egalement.
- Et bien sur les omégas 3, dont surtout la DHA.
- Par contre tout phénomène prolongé de glycation, par un excès de sucres, une pollution (benzopyrènes, acrylamide, etc.) modifie défavorablement nos télomères.
- Certains métaux dont le zinc ont une fonction capitale ; ce métal est présent dans l’ADN, il est cofacteur essentiel de la SOD contre l’excès d’oxydation. Le sélénium aussi, cofacteur des glutathions, sans lequel la methylation dérive.
- N’oublions pas la fonction rénale mesurée surtout par le DFG, gouvernail indispensable de ce système (homocysteine, uricemie).
- Les Sirtuins, enzymes de régulation de la longévité, maintiennent les télomères stables. Ils sont activés par le jeun, la restriction calorique, certaines molécules qui miment le jeun comme la berberine ou la metformine.
La stabilité du génome est au coeur du vieillissement, l’homéostasie est un des mots clés.
La mesure de nos télomères est heureusement modifiable. Mais avec la navette spatiale internationale, on a pu constater grâce à des jumeaux dont l’un était resté sur terre, que celui parti dans l’espace allongeait ses télomères, mais que ce phénomène cessait dès le retour sur terre. Or on sait que l’on vieillit apparemment moins vite dans l’espace. Les télomères sont bien apparus comme des contrôleurs indispensables dans notre arsenal biologique. A nous de réagir et de nous adapter, après leur évaluation, pour trouver les moyens d’optimiser notre santé. Il est évidemment agréable de voir cet indice s’améliorer, de voir quelques efforts souvent modérés être récompensés après quelques mois seulement. Les leviers sont connus et on peut combiner astragale, vitamines adéquates, et molécule reconnue. La nature nous offre des clés, la biologie et la médecine les serrures. Indispensable est donc la surveillance pré et post cure des mar-queurs de l’inflammation tissulaire. Les mutations provoquent les cancers et ce sont les télomères courts qui provoquent des mutations.
N’oublions pas que le grec Télos des Évangiles c’est l’éternité et non l’immortalité.
Docteur Jean-François Bezot est Biologiste médical. Docteur en pharmacie, Faculté de pharmacie de Paris. Ancien interne des Hôpitaux de Paris. Spécialisé depuis 1988 en biologie anti-âge et en protéomique fonctionnelle. Vice-président de la Société Française de médecine anti-âge. Conférencier international.
Plus d’informations : biopredix.com
Docteur Claude Dalle est Diplômé d’acupuncture, mésothérapie, hypnose Ericksonienne. Conférencier international, chargé de cours à la faculté de Médecine de Paris. Directeur scientifique de congrès.
Plus d’informations : drclaudedalle.com