Mes débuts dans la médecine anti-âge
J’y suis finalement arrivé en comprenant certains mécanismes physiologiques que je n’avais pas vraiment appris à la faculté de médecine. A ce moment, je me suis rendu compte qu’il y avait toute une partie de la médecine qui était presque « cachée » dans le cursus universitaire. Heureusement, Internet est arrivé et j’ai été certainement l’un des premiers à consulter PUBMED, une gigantesque base de données de publications scientifiques, car je suis passionné de physiologie.
J’ai beaucoup appris moi-même sur l’anti-âge ainsi que lors de quelques congrès naissants comme celui d’Euromedicom (groupe Informa Healtcare, organisateur de AMWC) qui nous a offert une tribune fantastique contribuant ainsi à une meilleure connaissance et transmission entre médecins.
Prendre conscience du vieillissement et ses mécanismes
J’avais déjà conscience que la population était en train de vieillir et que les individus souffraient de nombreuses pathologies liées au vieillissement. L’objectif de la médecine anti-âge est de soulager ces pathologies, en menant des actions préventives. Les gens vieillissent bien évidemment mais ce que l’on souhaite tous, c’est de réduire notre morbidité. Nous pouvons vivre au delà de 85 ans mais personne n’a envie d’être malade pendant 15 ans… Dans le passé, un gap a été franchi : une meilleure hygiène, l’arrivée des antibiotiques et la généralisation de la vaccination ont fait gagner à chaque fois 10 ans de vie en 50 ans, soit 30 ans. Mais attention : dans les pays qui ont une nutrition correcte, l’espérance de vie continue de progresser mais dans ceux qui décrochent comme la France ou les Etats-Unis, on note un recul. La nutrition a une influence énorme.
De quel arsenal thérapeutique disposons nous ?
Au départ nous avons beaucoup misé sur l’hormonothérapie, le Dr Thierry Hertoghe ayant été un des précurseurs. Cela a été le premier grand tournant de la médecine anti-âge. Puis on s’est rendu compte que les hormones sont un outil mais pas le seul. Sont apparus des grands marqueurs comme les neurosciences, le microbiote et la génétique. Cette dernière est arrivée tardivement, timidement, mais elle progresse très vite et les couts baissent. Nous sommes déjà capables à partir de certains panels génétiques de détecter des phénomènes de vieillissement avec des impacts thérapeutiques évidents notamment en épigénétique. Par exemple, un gène avec un polymorphisme délétère, peut être amélioré par de la vitamine, un mode de vie, une hormone, etc…
L’hormonothérapie est également beaucoup plus précise avec des guidelines éprouvées, des avantages et des inconvénients mieux identifiés et maitrisés dès lors que les traitements sont individualisés. On contrôle donc beaucoup avec des outils de mesure et de nouveaux tests très fins. La génétique a progressé aussi, comme la biologie.
Si nous devions résumer la démarche actuelle : on effectue un examen clinique, puis on met en avant des outils de biologie plus ou moins classiques comme l’homocystéine. On ajoute l’étude du microbiote, des neurotransmetteurs, des acides gras, du stress oxydatif, des télomères, de la méthylation (impact de la thérapeutique sur le noyau cellulaire). Les prélèvements sont sanguins, salivaires et urinaires et les 3 couplés nous donnent énormément d’informations. A savoir toutefois que les tests génétiques ne peuvent pas être effectués directement par les patients en France mais sont autorisés avec une prescription médicale. La France reste réticente à son usage quand cela n’est pas expliqué par un médecin et cela semble normal : le patient peut s’affoler pour rien ou inversement ne pas s’affoler alors qu’il y’a un problème. La loi est bien faite et ne bloque pas la recherche mais l’eugénisme fait encore peur même si certains pays ont franchi le cap. Nous sommes néanmoins dans le post darwinisme. Même un chirurgien ou médecin esthétique fait du post humanisme et l’homme effectue son auto-évolution. A noter que dès 2022, l’OMS reconnaitra le vieillissement comme une maladie, et qui dit maladie dit traitement avec une capacité d’action.
Obtient-on des résultats tangibles ?
On a des résultats chez les patients qui veulent participer et qui sont prêts à modifier leurs comportements, leur nutrition et qui font de l’exercice. J’en suis moi même le témoin, j’ai énormément progressé et je suis le premier à appliquer les règles que je conseille à mes patients. Un peu le Benjamin Button de l’anti-âge avec une grosse responsabilité. Quand vous me verrez en culotte courte, j’aurai gagné !
Un futur prometteur ?
Oui, la génétique, le contrôle du microbiote et des pathologies guidées par l’intelligence artificielle sont des pistes très prometteuses mais le gros défi reste la compréhension du cerveau. Les neurosciences nous montrent pour cela de nouveaux chemins. Nous avons de moins en moins d’interrogations sur notre physique mais de plus en plus sur notre cerveau. On reste dans un brouillard total, c’est LE challenge du 21ème siècle.
Mes grosses motivations ?
Ce qui m’excite ce sont les mécanismes de la longévité. Il en reste beaucoup à découvrir.
- Concernant les télomères par exemple, nous disposons de beaucoup d’analyses fines. Ils ont une action prouvée sur la longévité.
- Idem avec les tests de méthylation sur la mitochondrie. L’oxydation en grande partie vient de la mithocondrie.
- La vaccination peut devenir un booster d’immunité mais ses effets retombent malheureusement vite. Quand on se penche sur notre évolution, nous avions énormément d’infections virales et bactériennes et ce jusqu’en 1900. Avec les progrès réalisés ces 100 dernières années, nous avons éradiqué les infections mais nous avons généré des maladies auto-imunes, des cancers et des virus. Nous avons ouvert des portes inconnues, la covid étant un bon exemple. Nous continuerons de subir d’autres pandémies virales car si l’on maitrise les microbes, ce n’est pas le cas pour les virus. Nos modes de vie, le changement climatique, la concentration urbaine font que l’on change les maladies.
Je suis aussi très impliqué dans les organisations de congrès notamment pour AMWC, un événement mondial avec des speakers internationaux. C’est un laboratoire, une grande tribune qui permet de s’apercevoir des avancées de chaque pays comme les japonais toujours à la pointe mais également l’Europe du sud qui avance vite grâce à une bonne connexion esthétique et anti âge.
Faut-il être riche pour rester et vivre beau et vieux ?
Malheureusement oui, les pays en meilleure santé sont souvent les plus riches. Il faut de l’argent pour faire de la médecine. On peut mourir à l’âge ou l’on devait mourir mais ce que l’on veut c’est être malade moins longtemps. Mécaniquement le palier reste à 120 ans. La physiologie par rapport au phénotype (gènes) ne change pas. Tu le déplaces dans le temps, tu le prolonges mais tu ne changes pas de phénotypes. Tant que la génétique ne pourra pas intervenir sur le génome, on ne pourra pas dépasser la barrière des 120 ans. Nous connaissons des algues immortelles mais ce sont des physiologies simples à appréhender. Les humains sont des créatures complexes car nous n’avons pas séparé nos cellules somatiques de nos cellules germinales. Les solutions ne sont donc pas simples !!!
Parmi les livres écrits par le Dr Claude Dalle, nous vous recommandons :
- Guide pratique de médecine anti-âge – Ed T. Souccar. (2007)
- Jeune à 50 ans. Ed Thierry Souccar. (2009)
- La « Nutrigénétique » Ed. Romart (2011)
- Le « régime de la cinquantaine » Ed Alpen (2012)
- « Votre ticket est toujours valable au delà de 49 ans » 2016. T Souccar ed.
- Guide des analyses médicales. Ed Alpen. 2014.
- Unlocking the human lifespan Ed Aging-for-expert 2020.