par le Dr Claude Dalle
Nos gènes sont-ils à blâmer ?
Chacun de nous sait intuitivement que notre style de vie influence notre santé. Nous sentons que nos gênes interviennent, mais jusqu’où ? Et surtout comment ?
Comment ne pas subir sa génétique ?
On connait des extrêmes dans ce domaine, comme l’abus de boissons alcoolisées ou l’obésité majeure, qui peuvent nous mettre rapidement en péril.
On peut supposer que des modifications même moindres vont aussi avoir une influence, qu’un changement d’habitude peut jouer, comme un régime alimentaire carencé, un stress brutal important, un manque de sommeil chronique, trop ou pas assez de sport par exemple.
Les cancers font partie de ces maladies multifactorielles où très souvent de nombreuses causes vont intervenir, entrer en interaction, pour déclencher la maladie.
Parmi ces cancers, celui du sein est particulièrement en explosion par le nombre de cas depuis plusieurs années.
Ceci montre du doigt nos gènes. On sent qu’ils interviennent, mais jusqu’où ? Et surtout comment ?
Les gènes interviennent directement de manière assez faible, probablement pas plus de 10% selon une grande étude récente, dans l’apparition d’un cancer.
Les médias ont beaucoup parlé de ce problème et du gène BRCA récemment à propos d’Angelina Jolie.
Les 90% restants représentent non plus les gènes eux mêmes mais leurs expressions, c’est l’épigénétique (pour prendre une métaphore, la génétique renvoie à l’écriture des gènes, l’épigénétique à leur lecture).
Un « bon » gène pourra ne pas s’exprimer, ou peu, et inversement un « mauvais » sera lu et traduit.
Ceci veut dire que nous subissons une partie de nos gènes, bien sur, mais ceci veut dire aussi que nous pouvons avoir un certain contrôle sur ce qui se passe, un certain degré de liberté.
Alimentation, poids, infections, tabac, alcool, produits chimiques, etc.., tout ceci constitue les facteurs épigénétiques.
Changer le cours des choses avec des habitudes simples :
On sait que la consommation de sucres rapides en excès va favoriser la sécrétion d’insuline, cette hormone étant nécessaire à leur assimilation. Plus l’insuline à jeun est élevée, plus le risque de cancer du sein est grand.
Egalement la forte consommation de viandes rouges d’après de récentes études.
On sait que le bon ratio omegas 6/omegas 3 doit être de 4 ou 5 pour 1. Or il est en France de 15/1, aux Etats Unis de 20/1, la viande rouge en quantité le renforce, donc une fois ou deux par semaine serait suffisant.
Mais cet acide gras vient lui aussi par les sucres rapides ! (sodas, pain blanc en excès, frites…).
Essayons de ne pas prendre d’aliments à index glycémique (IG) au delà de 70 (ou bien peu).
C’est une prévention simple.
Augmentons les omégas quand nous avons diminué les omégas 6. Ceci peut se faire naturellement par des poissons gras, de petite taille, 3 ou 4 fois par semaine.
Réduire notre ration de calories est la première mesure facile à mettre en œuvre.
On croyait la graisse blanche inerte : c’est en fait un tissu très actif, capable de sécréter des estrogènes, qui va stimuler le sein, faire un apport supplémentaire d’hormone estrone, proportionnelle à la quantité de graisse, donc favoriser un cancer.
L’alcool est capable de déclencher la sécrétion d’œstrogènes, dont l’estradiol.
Même à faible dose, ce mécanisme existe et est non négligeable.
Les œstrogènes retiennent l’eau et beaucoup de femmes connaissent des prises de poids immédiates après quelques verres seulement. Le café, en excès, crée le même mécanisme, donc n’en abusons pas.
Le “passeport” génétique de chacun est diffèrent, ce qui veut dire que tout régime alimentaire, tout traitement de la ménopause doit être personnalisé le plus possible.
C’est encore de l’épigénétique.
Autres facteurs épigénétiques :
L’environnement et la pollution jouent un rôle non négligeable : le bisphénol A, les particules des carburants, des peintures, sans oublier les pesticides, les insecticides. Tous ces polluants ont dans leur grande majorité des effets oestrogèniques ! Un autre cancérigène connu vient par exemple des benzopyrènes (cuisson au barbecue et hautes températures). Les métaux lourds se comportent majoritairement comme des œstrogènes, mercure des emballages, des plombages, plomb, cadmium des cigarettes, arsenic,…
Sommeil et aliments protecteurs d’ADN :
On passe 1/3 de notre vie à dormir et ce n’est pas pour rien. Pendant le sommeil est sécrétée la mélatonine, puissant anti oxydant. Cette mélatonine stimule beaucoup notre immunité.
Manquer de sommeil de manière chronique peut défavoriser nos défenses immunitaires.
Enfin le stress est un facteur important, surtout actuellement dans nos sociétés.
Pas le stress aigu, de courte durée ; celui ci est bénéfique car stimulant de nombreux mécanismes dont ceux de réparation et d’adaptation des cellules.
Le stress dangereux est celui de longue durée. Il engendre une sécrétion de cortisol qui persiste, altère nos fonctions, dont l’immunité qui baisse.
Stress et mélatonine sont ennemis. Le stress engendre trop d’insuline, favorise le diabète et les cancers. Il peut exciter l’appétit, comme le manque de sommeil d’ailleurs.
Le stress prolongé fait le lit du cancer. Relaxation, méditation, gestion du stress efficace, quelque soit la méthode, ce sont des facteurs anti-cancer qui influencent nos cellules et sont des clés épigénétiques pour se protéger.
Epinard, ail, curcuma, champignon, brocoli, amande, noisette, asperge, œuf bio, foie sont les aliments à privilégier.
Les vitamines les plus utiles dans ce domaine : D, C, B9, B12, B6.
Tout ce qui comme le resveratrol, que l’on trouve essentiellement dans la peau du raisin et dans le vin. Tous les polyphénols de fruits et légumes, les anthocyanes des fruits sombres sont protecteurs.
La prévention du cancer du sein est un bon exemple d’une nouvelle voie de la médecine, on l’appelle la médecine 4 P :
– Prédictive
– Préventive
– Personnalisée
– Et Participative.
La médecine 4 P nous propose de rester en bonne sante, à partir d’une meilleure connaissance de notre individualité, en prenant en charge la partie de notre environnement que nous pouvons contrôler.
Dr Claude Dalle
Diplômé d’acupuncture, mésothérapie, hypnose Ericksonienne. Conférencier international, chargé de cours à la faculté de Médecine de Paris. Directeur scientifique de congrès. Président de la WOSIAM (World Society for Interdisciplinary Anti-Aging Medecine). Président Fédération Européenne de l’Age Actif. Membre de l’International Hair Research Society. Livres : « Anti-Aging : the guide », « Les traitements anti-âge », « Peau et anti-âge ».