Par le Docteur Claude Dalle
Le but essentiel de la Médecine et particulièrement de l’Anti Âge, est la prévention.
Avec les progrès fulgurants de ces dernières années, il est passionnant de se demander s’il existe une pilule, une combinaison capable de concrétiser cette prévention et de la représenter. Pour être efficace, elle doit être simple, facile à prescrire, si possible peu ou pas couteuse, et bien sûr sans danger.
Aspirine
Très connue contre les douleurs comme anti-inflammatoire, cette molécule est aussi un anti-coagulant remarquable capable de prévenir de nombreuses pathologies cardiovasculaires ; infarctus du myocarde, troubles du rythme cardiaque, accident vasculaire cérébral. Mais c’est aussi un anticancéreux ; principalement contre le cancer du colon, où il s’avère très efficace, et dans le cancer du sein, c’est une prévention des récidives. Des études ont aussi montré une réduction du risque de mélanome avec l’aspirine. Cette aspirine, prise à toute petite dose, réduit la mortalité d’au moins 10%.
Mélatonine
C’est l’hormone bien connue du sommeil. Elle diminue fortement avec l’âge, et cette baisse est accentuée par la cataracte qui empêche le jour les rayons du soleil d’atteindre la rétine pour stimuler la nuit la sécrétion de mélatonine. Cette mélatonine a un rôle anti-oxydant extrêmement fort. Elle a aussi une fonction d’élimination du stress, des déchets, dont ceux de certaines hormones comme les œstrogènes. Elle a surtout peut être une fonction immunitaire essentielle en stimulant nos défenses immunitaires pendant notre sommeil. Donc conserver son sommeil en durée et qualité est capital pour nos défenses. La mélatonine protège aussi du diabète si fréquent avec l’âge (elle est très opposée à l’insuline et au cortisol du stress).
PDE5 inhibiteurs
Ils sont très connus puisque leur chef de file est le célèbre Viagra. Leurs rôles ne se cantonnent pas aux problèmes d’érection : en effet ils améliorent la microcirculation, la fonction pancréatique, et donc aident à préserver du diabète par exemple, ou du syndrome métabolique et de la surcharge pondérale si fréquente actuellement. Leurs actions sur le tissu adipeux semblent remarquables.
Metformine
C’est incontestablement la molécule pilier de cette polypill. En effet ses rôles sont multiples, et de très nombreuses études depuis plusieurs années ont montré l’efficacité de la metformine non seulement contre le vieillissement mais aussi et surtout dans la prévention des maladies liées à l’âge. Sous l’egide de chercheurs et d’épidémiologistes, une grande étude a déjà démarré aux US avec la metformine dans la prévention de nombreuses maladies et pour prouver l’amélioration de l’espérance de vie, le tout associé à une meilleure qualité de vie ; c’est l’étude TAME.
Le surpoids conduit à la résistance à l’insuline et au diabète, et la metformine protège de ces pathologies. Concernant les principaux cancers rencontrés avec l’âge (sein, prostate, colon) on estime à 30% la réduction possible avec cette molécule ; ceci est dû au fait que le processus de croissance cellulaire est réduit et contenu par la metformine. Elle sert de régulateur, comme si la cellule ne pouvait que difficilement entrer en « surchauffe ». Pour les maladies cardiovasculaires, le même type de réduction est observé ; la glycémie est améliorée, ce qui diminue les phénomènes de glycation, d’attaque du cholestérol par exemple, qui sera moins oxydé, donc se déposera moins dans les artères. Si on considère les maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer, pertes cognitives) la metformine prévient le dépôt des plaques amyloides, et favorise indirectement la détoxification du cerveau. Elle agit aussi sur le Microbiote, comme un remarquable probiotique, favorisant des populations bacteriennes intestinales favorables à notre métabolisme. Sur la peau ses actions sont multiples, tant au niveau du collagène que de la prévention (cancer, rides). La metformine s’avère aussi un anti microbien très efficace naturellement contre cetaines espèces dont le staphylocoque doré par exemple. à noter qu’il existe aussi une vraie synergie ente la vitamine D et la metformine. De plus la metformine est une molécule ancienne, très peu cher, donc très facile d’accès pour toutes les populations. Nous n’avons parlé que des molécules disponibles facilement. Les dérivés de la ramapycine sont d’excellents candidats à cette polypill mais leur dosage et leur manipulation sont encore incertains actuellement. On peut citer aussi dans cet ordre le facteur GDF11, issu du sang quand un organisme est jeune, et qui s’avère capable de rajeunir des organes dont le cerveau des gens âgés et semble très prometteur.
Quand prendre une polypill ?
Apparemment à partir de 45 ans environ, car le milieu de la vie semble la période cruciale où beaucoup de maladies qui vont devenir chroniques vont commencer à s’inscrire, souvent de façon insidieuse ; hypertension, risques de maladies cardiovasculaires, risque de diabète, risque de cancer et d’affections neurodégénératives.
Quel est le but de la polypill ?
Le but de la polypill est de faciliter l’homéostasie ; L’homéostasie est le Processus de régulation par lequel l’organisme maintient les différentes constantes du milieu intérieur entre les limites des valeurs normales, il résiste ainsi aux changements (perturbations) et conserve un état d’équilibre. La recherche de l’homeostasie du vieillissement provoque l’émergence de stratégies et de dispositifs comportementaux (sommeil, nutrition, exercice) capables d’assurer le maintien et l’épanouissement de la vie. Ceci est nouveau dans le comportement de nos sociétés et une évolution importante. La polypill prolonge l’homéostasie qui contrôle notre génétique. Ceci améliore positivement le vieillissement et facilite les émotions favorables et notre dignité. Epargner les éléments de notre santé est une clé capitale de l’âge, et la polypill renforce l’homéostaise indispensable à cette épargne. Cette polypill anti-âge est une première version des très prometteuses solutions qui s’offrent à nous pour avoir une longévité avec le moins d’accidents possibles. Nous vieillirons mieux et plus longtemps. Il est temps de changer de paradigme.
Reste à dire que tout ceci doit être fait sous le contrôle d’un médecin anti-âge bien sur, l’automédication est toujours à éviter.
Par le Docteur Claude Dalle.
Diplômé d’acupuncture, mésothérapie, hypnose Ericksonienne. Conférencier international, chargé de cours à la faculté de Médecine de Paris. Directeur scientifique de congrès. Président de la WOSIAM (World Society for Interdisciplinary Anti-Aging Medicine). Président Fédération Européenne de l’Age Actif. Membre de l’International Hair Research Society.