Anti Age Magazine :Galderma emploie aujourd’hui plus de 5000 salariés et est présente dans 80 pays. Est-ce que le marché subit un tassement ?
Benoit Chardon : Ce n’est pas ce que nous constatons. Nous avons constaté une croissance du marché européen à 9% en 2013, 13% en Amérique du Sud et de 18% en Asie. Les patients continuent à effectuer des injections, preuve qu’ils ont trouvé des produits répondant à leurs attentes d’efficacité et de sécurité, et qu’ils sont enclins à les renouveler. La crise économique induit un effet de recentrage sur soi même, recentrage qui au final est bénéfique pour notre secteur d’activité.
AAM : Une des acquisitions de Galderma a été Q-Med avec Restylane et Macrolane. Est-ce que cela a représenté un vrai tournant ?
Benoit Chardon : Indéniablement ! Cette acquisition majeure nous permet d’être présents en Asie, Restylane y étant leader. Galderma est la seule société étrangère à être autorisée à distribuer ces fillers en Chine. Par ailleurs, Azzalure permet de déployer une vraie synergie avec les autres produits de comblement de notre gamme.
AAM : La gamme Restylane Skincare propose des soins de cosméceutiques. Est-ce nécessaire d’offrir des soins pré et post traitements ?
Benoit Chardon : Ces soins représentent une tendance forte et une demande soutenue aussi bien chez les patients que chez les praticiens. Les patients réalisant des actes esthétiques sont très exigeants sur la qualité des cosmétiques qu’ils utilisent : Restylane Skincare a été conçu pour répondre à ce niveau spécifique d’exigence aussi bien en terme de confort, efficacité et comptabilité avec les traitements esthétiques. Aucune autre marque de Skincare offre dans sa formule l’acide hyaluronique le plus injecté au monde : Restylane.
AAM : Est-il essentiel de disposer dans son portfolio d’une toxine ?
Benoit Chardon : Je pense qu’il deviendra de plus en plus difficile pour un laboratoire de réussir sur ce marché sans un portefeuille complet. Les synergies sont évidentes. La croissance continue de part de marché d’Azzalure prouve la pertinence de ce modèle. D’un point de vue client, il est également plus facile et profitable pour un praticien de n’avoir qu’un seul interlocuteur.
AAM : Galderma lance deux nouvelles seringues et même un injecteur. Quels sont les bénéfices attendus ?
Benoit Chardon : Galderma investit 19% de son chiffre d’affaire en R&D. Nos innovations sont non seulement dans le domaine des entités, implants, biotechnologies mais aussi sur le dispositif d’injection lui-même : la seringue. La nouvelle seringue Restylane apporte à nos médecins une meilleure ergonomie, plus de contrôle et de confort lors de l’injection : une véritable révolution à leurs yeux. De plus nous amenons une innovation forte pour Restylane Skinboosters avec une seringue intégrant un « Smart Click System » pouvant être activé ou non, très intéressant pour assister les injecteurs à réaliser des techniques de multipunctures ou nappage avec un niveau de précision inédit et l’obtention d’un résultat homogène.
AAM : Est-ce que les patients consultent de plus en plus jeunes ? Les marques chercheraient-elles à rajeunir la demande ?
Benoit Chardon : Même si notre coeur de cible est situé entre 40 et 49 ans, nous nous apercevons que la demande augmente deux fois plus vite chez les moins de 35 ans. En 2013, nous avons constaté une augmentation de 35% de demandes d’actes esthétiques aux Etats Unis liée simplement au partage de photos sur des réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram. Notre gamme Skinboosters est complètement en phase avec cette population jeune.
AAM : D’après votre dernière étude, les patients recherchent à rajeunir de 5 ans avec un soin d’esthétique médical. Sont-ils plus raisonnables ou de plus en plus informés ?
Benoit Chardon : En fait, nos patients ont changé. Nous étions auparavant sur un marché de niche, de “Beauty addicts” et nous avons maintenant un marché “mainstream” au sein duquel les gens ne recherchent pas un changement radical mais plutôt une amélioration “ciblée”. Cela peut-être une ride mais aussi une rectification d’une émotion négative (inquiétude, amertume, etc). Nous croyons qu’offrir des améliorations, si petites soient-elles, peut faire une réelle différence dans la vie de tous car l’essentiel aujourd’hui est de se sentir bien dans sa peau pour vivre sa vie pleinement. Au fond, harmoniser son apparence avec ses aspirations, et être en phase avec soi-même – sans pour autant répondre aux standards de beauté ou paraitre moins âgé.
AAM : Quels sont les principaux freins aux injections ?
Benoit Chardon : Je pense que les patients ont peur d’un effet pas vraiment naturel. Il existe également une crainte concernant la sécurité des produits sur le marché. Nous serions partisans d’un renforcement de la législation.