Coordinateur IMCAS TRIBUNE, Directeur communication corporate et Alliances chez Symatese.
par Thierry Piolatto
Un marché toujours en croissance mais qui se modifie rapidement !
Anti Age Magazine : Parle-t-on toujours de croissance ?
Laurent Brones : Lors du congrès IMCAS qui s’est tenu à Paris récemment, avec plus de 20 000 participants, les industriels ont effectué un point sur le marché global de l’esthétique médicale qui conserve une bonne croissance d’environ 7% et ce jusqu’en 2029 même si tous les principaux segments ne performent pas autant que les dernières années, somme toute exceptionnelles. Les lasers passent par exemple de 6% à 5% de croissance, les injectables de 8 à 7%. Cette baisse est en partie liée à une baisse de prix mais est compensée par une augmentation des volumes des ventes. Les fillers par exemple sont moins chers mais les ventes augmentent. Les biostimulateurs et les skinboosters augmentent eux en prix et en volume. Les laboratoires misent sur une croissance qui va repartir plus fortement en 2025 après une année 2024 difficile, tout comme les patients qui pensent à 93% maintenir ou augmenter le nombre de procédures. Les cabinets de taille modeste (entre 2 à 10 praticiens) s’en sortent mieux avec plus de 19% de progression alors que des unités plus larges progresseraient de 14%.

AAM : Quelle sont les grandes tendances au niveau macro-économique ?
L.B : Nous avons détecté 5 grandes tendances comme l’arrivée en force des médicaments contre l’obésité à base de GLP-1 qui entraîne une demande, notamment pour des soins post-perte de poids, tels que le raffermissement, le resurfaçage cutané, les injections du visage et le remodelage corporel, un intérêt toujours marqué pour les combinaisons de procédures, des patients tournés peut-être plus sur la santé que la beauté et au niveau des industries, une consolidation du secteur et une confiance de plus en plus forte des patients pour des marques établies. L’année 2024 a été une année d’ajustement du marché : une meilleure acceptation des actes, une banalisation des technologies intégrant l’intelligence artificielle; la montée en puissance des réseaux sociaux et beaucoup de nouveaux produits comme les toxines botuliques, les inducteurs, le GLP-1, le renouvellement cellulaire. Il a fallu également mieux comprendre les nouvelles demandes des patients, se conformer à un environnement réglementaire qui évolue surtout en Europe, développer de nouvelles manières de commercialiser les offres (réseaux sociaux, AI, points de vente…).
AAM: Que doivent faire les industriels pour rester dans la course ?

L.B : La data est très importante. Il faut investir sur ce secteur pour gagner en visibilité et mieux comprendre les attentes des patients (notamment avec l’intelligence artificielle). Il leur faut élargir leur portefeuille produits pour proposer des procédures combinées mais aussi aller sur d’autres segments de marché : perte de poids, de cheveux, longévité, santé de la femme….
AAM : Et le marché français ?
L.B : Les demandes en dermatologie esthétique sont en progression. On estime à 15% les femmes qui y recourent et près de 2 françaises sur 10 comptent sauter le pas dans l’année 2025. Ces données ont été recueillies auprès de 5300 femmes dont 803 ayant déjà pratiqué un acte de médecine esthétique. Les motivations sont variables : confiance en soi, prévention des signes du vieillissement avec des actes comme les peelings, l’épilation et bien sur les fillers. Les fortes demandes sont dues à une perte de fermeté, d’élasticité, une peau ridée et déshydratée et des traitements liés à l’uniformité du teint souvent en raison de traces d’acné. Les procédures visant à réduire le vieillissement et les traitements capillaires progressent. Soutenus par les gros acteurs du secteur de la Beauté comme L’Oréal, les soins pré et post procédures sont en forte augmentation, 6 femmes sur 10 déclarant compléter leurs traitements par ce type de soins. On note aussi une forte évolution des zones de traitement demandées, liées à l’évolution des soins : parmi une quinzaine d’indications dans les soins du visage, les cernes et ridules et les pattes d’oies sont les plus traités, suivis par les rides du lion.
AAM : Ce qui nous attend en 2025 ?
L.B : Un rapprochement évident de la beauté vers la médecine avec peut-être l’apparition des médicaments positionnés « Wellness ». De l’IA partout pour offrir des approches hyper personnalisées, des diagnostics poussés avec un accès aux banques d’images. Plus proches de nous : l’arrivée de nouvelles toxines, la montée en puissance des biostimulateurs, de nouveaux traitements pour les cheveux et des procédures de moins en moins invasives. Une tendance vers des soins de longévité, de la médecine régénérative et une approche holistique et naturelle.
1 : selon données Arcane Research, BCG, Cetas et Clarivates