Par le médecin Jean-Paul Meningaud
Comment éviter les erreurs pour obtenir un lifting réussi !
Beaucoup de liftings ne tiennent pas dans le temps. Ce potentiel de récidive conduit certains spécialistes soit à les abandonner soit à tracter exagérément les tissus, ce qui provoque ces visages « tirés » plutôt disgracieux. Pourtant un résultat appréciable, durable et naturel est possible.
Les causes classiques du vieillissement de la face sont bien sûr :
- l’accumulation de graisse à certains endroits,
- la ptôse,
- la perte d’élasticité des tissus,
- l’héliodermie,
- la couperose, etc.
Sur les premières, les liftings peuvent agir efficacement, surtout dans les cas avancés. Les dernières sont plus le domaine de la médecine esthétique avec les techniques de comblement, de peeling, de needling et de laser. Entre les deux, il existe une zone grise pouvant faire appel à des techniques médicales ou chirurgicales. Trois types d’erreurs sont le plus communément rencontrés concernant l’angle cervico-facial :
- un dégraissage insuffisant du cou,
- la non prise en compte des facteurs maxillo- faciaux
- et un mauvais voire une absence de traitement des facteurs musculaires.
Le traitement de l’accumulation de graisse
Passé un certain volume, une lipoaspiration est nécessaire. A Mondor, nous contrôlons par endoscopie la qualité de cette lipoaspiration et sommes le plus souvent obligés de la compléter sous contrôle visuel, d’autant qu’il peut y avoir une accumulation sous-musculaire non accessible à la canule.
La prise en compte des facteurs maxillo-faciaux
Le facteur majeur de vieillissement prématuré de l’angle cervico-facial est la rétromandibulie ou rétrogénie. Un traitement complet peut être relativement lourd mais souvent une simple prothèse placée par voie sous-mentale permet de corriger à la fois l’angle et l’ovale du visage.
L’augmentation du tonus de repos des muscles de la face
Avec l’âge, ce tonus augmente. Longtemps réversible, notamment avec des injections de toxine botulique, les muscles de la face et du cou, notamment les muscles platysmas, finissent par raccourcir. Ce faisant, ils segmentent la graisse, par exemple au niveau des sillons nasogéniens ou des cernes, ou prennent la corde au niveau de l’angle cervico-facial, créant ainsi des fanons. Les différentes techniques de suture ne résistent pas longtemps à cette augmentation de tonus. Ce sont les myotomies qui donnent le résultat le plus durable.
Le lifting par décollement sous-cutané isolé
On ne peut pas en espérer un résultat durable car il ne prend en compte ni les excès graisseux localisés ni les aspects musculaires et encore moins osseux. Son seul avantage est sa rapidité d’exécution. Il peut être réalisé en 1 heure, sous anesthésie locale avec sédation, ce qui forcément rassure beaucoup les patientes. Outre la récidive, il a l’inconvénient de concentrer la tension sur les sutures. De ce fait, elles s’élargissent et ont tendance à tirer le lobule de l’oreille vers le cou en faisant disparaître sa forme naturelle en arc de cercle concave vers le haut. Les techniques associées (laser, lipofilling, lipoaspiration, needling, voire de génioplastie, rhinoplastie de rajeunissement, prothèses malaires) ont permis d’améliorer énormément les résultats de nos liftings en ajoutant des éléments d’attractivité mais sans jamais vraiment traiter durablement l’angle cervico-facial. Pour qu’un lifting dure, la prise en compte de la physiopathologie du vieillissement à travers ses aspects musculaires est une condition sine qua non. L’angle cervico-facial a longtemps été la pierre d’achoppement du vieillissement faute de prise en compte rationnelle du facteur musculaire.
Médecin Jean-Paul Meningaud
Professeur au CHU Henri Mondor, chef du service de chirurgie plastique et maxillo-faciale, Membre de l’Académie Nationale de Chirurgie. Expert agréé par la Cour de Cassation. Il dirige plusieurs Diplômes d’Université en médecine esthétique.