Par Loick Menvielle, William Menvielle, Anne-Françoise Audrain-Pontevia
Le digital n’aura pas épargné le secteur de la santé et commence désormais à prendre une part grandissantes dans les pratiques à la fois des médecins mais aussi des patients. Bien au-delà d’un simple gadget à la mode ou d’un épiphénomène, le secteur de la santé vit une véritable révolution qui risque de bouleverser, voire de remettre en cause les façons d’agir et de se comporter. Loin de polémiquer sur les pratiques de certaines entreprises aux comportements parfois opportunistes, il convient de voir en cet outil des perspectives extrêmement encourageantes.
A ce jour, le marché de la E-santé représente plus de 250 milliards de dollars US et les perspectives de croissances sont plus qu’encourageantes, oscillant entre 10 et 25% en fonction des domaines associés à ce secteur (PwC, 2015). Certains voient dans l’émergence de ces nouveaux usages liés à la médecine des perspectives encourageantes visant à résoudre les problématiques liées à l’accès aux soins, à développer le suivi des personnes malades, notamment atteintes de pathologies chroniques mais aussi en guise de démarche préventive, notamment via les applications d’auto-surveillance qui intéressent de plus en plus les GAFA (Google Amazon Facebook Apple).
Il faut avouer que les premières études et projets pilotes, menés notamment sur les comparaisons économiques entre modèles de santé conventionnels / santé connectés, tendent à plaider en la faveur de ce dernier. Par exemple, dans le cadre de l’étude Mein Herz (Ministère Français de la Santé, 2014) les économies sont assez substantielles car elles permettent de réduire de près de moitié, par exemple, les coûts liés à des postes d’hospitalisation des malades et de réduire de près de ¼ le coût global lié à la prise en charge d’un patient. Les ressources hospitalières, notamment en termes de personnel suivent elles aussi la même tendance, baissant de près de 25%, toujours en la faveur du modèle reposant sur la santé connectée. Contrairement aux idées reçues, il semble que l’intégration d’une réflexion complète et d’une nouveau « parcours » de soin du patient soit à l’origine d’une réduction effective du taux de réadmission des patients au sein des services hospitaliers étudiés, concourant également d’après certaines études à une baisse pouvant atteindre parfois les 40% de la durée moyenne de l’hospitalisation des personnes, après le ministère de la santé (2014).
Les économies générées par cette nouvelle approche liée à la santé connectée sont elles aussi substantielles et constituent des voies prometteuses pouvant contribuer directement ou indirectement à répondre aux questionnements actuelles de nombreux pays (occidentaux ou émergents).
L’OMS place désormais au cœur de ses axes stratégiques la question de l’E-Santé. Répondant aux nouveaux usages comportementaux, la M-Santé semble constituer un axe en devenir qui anime tout autant les réflexions des acteurs mondiaux de la santé, notamment pour les pays émergents, permettant de facilité l’accès aux soins, à des premiers diagnostics mais aussi d’utiliser aussi le mobile pour tracer certains médicaments par exemple, afin d’en vérifier la provenance, en envoyant un SMS ou utilisant un QR code, en particulier sur le continent Africain où les faux médicaments sont à l’origine de très nombreux décès.
Les enjeux sont donc majeurs et les perspectives largement encourageantes. Toutefois, la technologie ne doit en aucune façon dévaloriser la relation avec le patient. Bien au contraire, celle-ci doit être utilisée comme un support de cette relation, génératrice et créatrice de valeur destinée au mieux-être des malades tout en facilitant la démarche des soignants.
Par Loick Menvielle, William Menvielle, Anne-Françoise Audrain-Pontevia
Loick Menvielle, Phd, est professeur de Marketing à EDHEC Business School en France, spécialisé dans le domaine de l’industrie de la santé et de l’innovation et travaille avec les plus prestigieuses universités en Amérique du Nord.
William Menvielle, DBA, est professeur de marketing à l’UQTR (Université du Québec à Trois-Rivières) au Canada. Il a publié de nombreux ouvrages et ses recherches portent sur le domaine du marketing de la santé.
Anne-Françoise Audrain-Pontevia, PhD, est professeur de marketing à UQAM (Université du Québec à Montréal) au Canada. Elle travaille avec ses collègues sur l’impact des nouvelles technologies dans le secteur de la santé.