par Jean-Yves Coste
De nouvelles méga-tendances redynamisent le secteur résilient de l’esthétique médicale en permanent renouvellement.
Les changements de paradigme couplés à l’élévation des standards réglementaires transforment l’écosystème esthétique médical pour la précision et le degré de fiabilité de prévisualisation des traitements, le comportement des patients et leur passage à l’acte médical. Le reciblage optimise ensuite leur parcours expérientiel.
On observe une montée en puissance des skinboosters, biostimulateurs, biorevitalisers et des nouveaux types de fillers et inducteurs tissulaires (PLLA, PDLA, PMMA, PCL, PCA, PDRN, PN et combinaisons), en raison du rajeunissement de la patientèle qui s’accompagne d’un degré d’information sans précédent sur les caractéristiques rhéologiques, en termes d’élasticité, cohésivité, plasticité, facilité d’injection du gel et longévité des résultats et d’une démocratisation de leurs métriques de calibrage. Parti des marchés à la pointe des ruptures scientifiques tels que la Corée, la Californie, Israël et les régions côtières de la Chine, le phénomène se répand sur tous les autres marchés avancés grâce aux réseaux sociaux qui propagent cette lame de fonds et s’amplifie dans les pays émergents.
Ceci va de pair aux USA mais bientôt aussi en Europe et en Chine avec une explosion exponentielle des traitements de comblements de rides profonds induits par les injections d’analogues de GLP-1 pour les traitements de l’obésité type Ozempic ou Wegowy de NovoNordisk, ainsi que pour les traitements du syndrome métabolique tels que Zepbound ou Mounjaro de Lilly. À noter que 70% des cliniques médico-esthétiques prescrivent des traitements de GLP1-Analogues à leurs clients obèses et en surpoids aux USA. Cette quête du Graal dans l’efficience immédiate et fascination pour des ingrédients à la capacité de rajeunissement tissulaire alimente également l’engouement pour les exosomes, notamment ceux à base de cellules souches ou progénitrices de plantes et l’émergence d’acteurs clés qui se traduit par des transactions en FUSACQ et Introductions en Bourses (IPOs) telles que le rachat par Exocobio de Benev, par Archimed de Cellese et les IPOs de Carmell Therapeutics ou d’Elevai Skincare.
La création d’un continuum de soins esthétiques proposés en symbiose pour le bien-être du patient accélère l’émergence de traitements combinés associant fillers dermiques, skinboosters ou dermocosmétiques avec des dispositifs à base d’énergie notamment en Radiofréquence et Microneedling comme VirtueRF, ExactRF et Smart RF ainsi que Vivace de SHENB mais aussi Morpheus 8 d’InMode, Genius de Lutronic, Profound et Matrix de Candela, Agnès Medical ainsi qu’Exion de BTL Aesthetics.
Ceci se reflète dans une convergence croissante entre la beauté, et l’esthétique médicale minimalement invasive démontrée par l’achat de 10% de l’Oréal dans Galderma en août 2024 pour $2bn ou bien son acquisition d’une participation de 25% dans les cliniques médico-esthétiques de Functionalab, une tendance à la médicalisation de la cosmétique dont le pendant symétrique est la convergence entre Big Pharma et médecine esthétique commencée en Chine en 2018 avec le rachat par China Grand Pharma de Sinclair plc, puis celui d’Allergan par AbbVie, de Relife Srl par Menarini et les accords de licence passés par China National Biotech Group avec Croma pour la distribution du filler Saypha ou avec Advanced Aesthetics Technologies pour commercialiser le filler Algeness en Chine.
Au niveau des cliniques, ceci se traduit par une personnalisation holistique associant rajeunissement cutané facial par mésothérapie, skinboosters, fillers dermiques, toxines, biostimulateurs, fils tenseurs, le remodelage corporel, repousse capillaire, soins vulvovaginaux, esthétique dentaire, la réattribution sexuelle et les protocoles de suivi pour rendre le parcours expérientiel du patient immersif, plaisant et ludique notamment en prescrivant des produits de traitements chez soi, compléments nutritionnels de la beauté…
Cette démocratisation époustouflante, notamment par le zoomboom qui a commencé pendant le COVID, est propulsée par la digitalisation de l’imagerie médicale et prévisualisation en 3D, en mouvement ou vision holographique, l’IA, et le Metavers, l’omniprésence des réseaux sociaux sur mobiles dédiés à la navigation dans l’écosystème médico-esthétique tels que Realself, SoYoung, GengMei, et la sensation de pouvoir liée à la connaissance des mécanismes de réparation du derme, et leur évaluation et classements. Cette transformation est catalysée par une dynamique de consolidation significative dans la création de réseaux de cliniques médicales esthétiques, accélérée par les prises de participation des private equity tels que Blackstone qui a acquis 49% de Lazeo, Raise Equity qui a investi dans la Clinique des Champs Élysées ou encore Carlyle qui a racheté 70% du réseau des 270 cliniques de VLCC en Inde pour 430m$ (multiple de 4.5X le Chiffre d’Affaires), ainsi que le rachat d’une majorité de Cible Skin par Verlinvest ou de Maison Lutetia par le Family Office Mujid al Futtaim aux Emirats Arabes Unis.
Ces tendances se poursuivent, sous l‘impulsion d’une consolidation remise en marche depuis le T2 2024, avec notamment le rachat de Skintech par Charterhouse, de 10% de Galderma par l’Oréal, de Revance par Crown, de Jeisys par Archimed. Ceci est soutenu par le rôle d’agents de transformation des Fonds, dont le financement est tiré par une politique d’expansion monétaire globale massive depuis le T3 2024.
Jean-Yves Coste : Banquier d’investissement et cadre expérimenté dans le secteur de la santé, avec plus de 30 ans d’expérience en fusions et acquisitions transfrontalières,
levées de fonds et partenariats. Actuellement président de WINDOME. A occupé des postes de direction chez Michel Dyens, Bryan Garnier, Cowen, Boehringer Ingelheim et Deutsche Bank. Spécialisé dans les technologies médicales, labiotechnologie, l’esthétique et la médecine régénérative. Diplômé de HEC Paris et titulaire d’un MBA de l’INSEAD.
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